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Aujourd’hui je reçois Romain Dausset co-fondateur de l’agence Warren Walter et de Pimp my App.

Romain partage avec nous ses débuts comme développeur et ses différentes aventures entrepreneuriales, sans tabou.

Dans cet épisode du podcast, vous allez découvrir :

  • Le départ de son associé dans sa première boite.
  • Comment il a réussi à redresser la barre en changeant de modèle.
  • Comment il a créé son agence digitale.
  • Comment il a décroché son premier client.
  • Comment Romain a réussi à allier social, éthique et entreprenariat.
  • L’aventure Pimp my App.
  • L’association avec un ami qui s’est soldée aux tribunaux et ce qu’il en tire comme leçon.

Dans cet épisode vous allez découvrir

  • 2:18 : Son tout premier business.
  • 5:35 : Les erreurs qu’il a commises dans sa première boite
  • 11:05 : Comment s’est passé le démarrage de son business.
  • 15:08 : Le meilleur canal marketing qu’il utilise pour faire connaitre son entreprise.
  •  22:58 : Les chiffres de Warren Walter aujourd’hui.
  • 25:02 : Les prochaines étapes clés de sa croissance.
  • 26:28 : Le pire moment de son parcours d’entrepreneur et comment il a fait pour rebondir.
  • 30:05 : Ce qu’est le design sprint.
  • 32:58 : Le plus beau moment dans son parcours.
  • 34:19 : Les livres qu’il recommande.
  • 35:03 : Les Entrepreneurs qu’il suit.
  • 35:39 : Son outil en ligne préféré.
  • 36:36 : Son 1er conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer aujourd’hui.
  • 37:23 : Le meilleur investissement qu’il a réalisé pour faire croître son business.

Ressources mentionnées

Les Livres qu’il recommande

  • De zéro à un de Peter Thiel
  • La fin du management de Gary Hamel
  • Steve Jobs de Walter Isaacson
  • Le lecteur de cadavres d’Antonio Garrido

Les entrepreneurs qu’il suit

  • Steve Jobs

Son outil en ligne préféré

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Les premiers pas de Romain dans le monde du business

Naier : Romain, est-ce que tu es prêt à nous révéler l’entrepreneur qui est en toi ?

Romain : oui, avec plaisir !

Naier : Excellent ! Aujourd’hui, j’accueille Romain Dausset. Romains est cofondateur de l’agence digitale Warren Walter, cofondateur de Pimp my App, et anciennement Président de Seednetworking et de l’incubateur de l’EFREI. Un vrai entrepreneur engagé qui croit à l’égalité des chances.

Romain, avant de parler de ton business actuel et de tes différentes occupations, j’aimerais qu’on remonte le temps et qu’on s’intéresse un peu à ton parcours personnel. Est-ce que tu te rappelles du tout premier projet ou business que tu as fait ?

Romain : Alors oui, j’avais 14 ans, j’étais collégien, c’était en 98. Internet ne ressemblait pas à ce qu’internet ressemble aujourd’hui. Google n’était pas là, c’était Altavista comme moteur de recherche. C’était assez compliqué de s’équiper d’un ordinateur. Tout le monde n’en avait pas. Voilà, c’était peu de ressources. Ce n’était pas le même monde qu’aujourd’hui.

Et à l’époque, j’ai créé un site internet pour aider des jeunes à trouver un job d’été et un job étudiant. Simplement parce que moi, j’avais rencontré ce problème-là. Je ne trouvais pas de job d’été dans le sud de la France. Et j’étais plutôt bidouilleur.

Je fabriquais des ordinateurs, je jouais à des jeux en ligne sur ordinateur. J’ai essayé d’hacker certains trucs, enfin voilà. Je bidouille un peu. Et pour m’amuser, j’ai créé un petit site internet très basique, très simple. Un site avec les moyens du bord. Parce que, forcément, au collège, il n’y avait aucune formation.

Personne ne connaissait rien. Donc on s’est un peu débrouillé. Je me suis un peu débrouillé comme j’ai pu. Finalement ça a très vite marché. Déjà, à l’époque, j’ai mis un petit peu de pub sur le site internet. Et ça m’a rapporté un petit argent de poche non négligeable en étant au collège, donc voilà.

Le premier projet c’était ça. Et de fil en aiguille, j’y ai pris goût. Je me suis dit : « ah c’est quand même sympa. On peut créer quelque chose, le développer, rajouter des fonctionnalités, aller monter des partenariats… » Je me rappelle, j’étais passé à France 3, j’avais eu des artisans la presse. Alors que j’étais un jeune comme tous les autres quoi, bon voilà.

Naier : Excellent ! Romain, après tes études, tu t’étais rapidement tourné vers l’entrepreneuriat. Pourquoi avoir choisi cette voie ?

Romain : En fait c’était ancré en moi depuis tout ce temps-là. Même pendant mes études, j’ai aussi monté une entreprise en parallèle de mon école. J’ai pu faire un cursus assez classique. Préparer une école d’ingé à côté des cours, j’ai monté une boite.

Ensuite, j’ai fini les études. Finalement, je me suis quand même fait une expérience en salarié dans une société de services où j’ai travaillé chez Orange, ou chez Lagardère, ou des sociétés comme ça. J’ai tenu 2 ans. Parce que, finalement, ça ne me convenait pas.

J’ai appris énormément. Mais, en même temps, la liberté de pouvoir créer, de pouvoir embaucher qui on veut. La liberté de pouvoir vraiment appliquer sa propre vision et ses choix, ça m’a manqué très vite. Donc, très vite, au bout de 2 ans, je suis revenue à l’entrepreneuriat. Et j’ai remonté une boite.

Naier : On va en parler après. Est-ce que tu as retrouvé tout ça aujourd’hui ou pas ? Romain, tu es le cofondateur de l’agence Warren Walter depuis maintenant quelques années. Comment tu as eu l’idée et comment s’est passé le démarrage ?

Romain : Alors, la genèse de Warren Walter, c’est… je l’ai cofondé, du coup, avec Quentin Gillard. Cest quelqu’un que j’ai rencontré justement dans la période salariée. Juste après mon école, en société de services. Moi, j’étais développeur dans cette société. Et Quentin, mon associé chez Warren Walter était aussi développeur.

Donc, on s’est connu à ce moment-là. Et la vie a fait que moi, je vais quitter cette société de service, j’ai monté plusieurs autres projets. Quentin, lui, a continué dans la société. Il a quitté la fonction de développeur et est passé sur des fonctions plus commerciales. Ingénierie d’affaires, aller chercher des clients, vente des projets informatiques, etc. On s’est revus en 2013 – 2014. Donc après 3 – 4 – 5 ans après.

Grâce à lui, j’ai pu faire quelques affaires avec quelques clients, avec Bouygues Telecom à l’époque. Et là on a repris contact. En reprenant contact, ben voilà moi, le projet dans lequel j’étais, je voulais le changer. Puisque le modèle économique n’était pas forcément très stable.

Le départ de son associé dans sa première boite

Naier : À ce moment-là, tu étais déjà entrepreneur ?

Romain : Oui, j’avais déjà une boite.

Naier : Donc, après une première expérience en tant que salarié, tu as tout de suite créé une boite. Une agence web d’ailleurs, je crois ?

Romain : Oui, c’était aussi… donc là, c’est un peu particulier. Je voulais vraiment créer. Mais je n’avais pas d’idée. Ça c’est une des grosses erreurs que j’ai pu faire. J’avais un autre associé à l’époque. Et on s’est dit : « bon, voilà, on veut créer quelque chose. Mais qu’est-ce qu’on va créer ? » On n’avait pas identifié le besoin. Nous n’avions rien qui nous orientait dans une direction.

On a bénéficié des Assedic à l’époque et on a creusé. Nous avons cherché une idée à ce moment-là. On allait à la bibliothèque François Mitterrand. Nous avons pris toutes les études qui pouvaient y avoir. Parce que ça coûte cher et là, c’était gratuit.

Donc on se débrouille comme on pouvait pour essayer de trouver une idée de business qui marche ou quelque chose dans laquelle se lancer. Et on est arrivé à se concentrer sur le métier d’avocat. Pourquoi ? Parce que toutes ces études-là nous montraient que c’était l’une des professions qui avait le plus de potentiel financier, finalement, pour notre entreprise à l’époque. Et nous, on était pur entrepreneuriat.

À partir d’un fichier Excel, on se disant : « bon, on va bien réussir. On va suivre ce fichier Excel, on va devenir, on va avoir de la récurrence, etc. » Finalement, c’était l’une des premières erreurs. Et, je pense, ma plus grosse erreur : c’était de partir comme ça sur une idée dont on n’avait pas forcément le besoin. Ou, finalement, on a quasiment essayé de créer le besoin.

Naier : Le marché n’existait pas ?

Romain : Le marché n’existait pas. On a, en fait, essayé de créer une application pour avocats à l’époque. Une application pour leur permettre d’être visibles sur internet, de gérer leur présence sur internet. On a fait ça en 2009. Ce n’était pas très longtemps après que la déontologie permette aux avocats d’être visibles sur internet. Ce qui n’était pas le cas avant.

Et donc on s’est dit : « bon il y a une nouvelle opportunité de par la déontologie des avocats qui évoluait. On va essayer de faire quelque chose là-dessus. » Sauf qu’on ne connaissait aucun avocat. On ne connaissait pas le milieu et voilà. Finalement, on s’est un peu cassé les dents sur la connaissance de nos futurs clients. Et on a tenu un an et demi. Puis on a changé de projet au bout d’un an et demi d’investissement dessus.

Comment il a réussi à redresser la barre en changeant de modèle

Naier : D’accord, et après ?

Romain : Du coup, mon associé de l’époque avait voulu quitter la société. Parce que l’échec était un peu dur à digérer. S’investir autant, passer toutes ses nuits et ses week-ends vraiment à bosser comme des fous parce que ça nous passionne. Et qu’on voulait vraiment créer quelque chose à partir de zéro. C’était un peu dur pour le moral au bout d’un an et demi, de tout arrêter.

Donc il a quitté la société ce moment-là et moi j’ai continué. Alors j’ai continué en faisant un petit peu de prestations pour me débrouiller. J’ai commencé à donner des cours à droite à gauche pour pouvoir avoir un peu des entrées d’argent dans la société. Et j’ai modifié sur un axe plus tôt mobile.

À ce moment-là, je voulais créer des applications sur mobile. On a commencé par des jeux. Nous avons fait des jeux de cartes, des jeux de belote, des jeux de tarot.

Naier : Pour s’amuser ?

Romain : Juste pour s’amuser. Pour pouvoir aussi se former, de découvrir un peu tous ces langages qu’on ne connaissait pas forcément. On était vraiment dans le web. Là on était en 2010 – 2011. Je ne connaissais pas forcément encore toutes les applis mobiles. L’iPhone, l’écosystème était encore assez récent.

Finalement, il y a eu des opportunités. Les applis de belote, par exemple, à l’époque, généraient 1 million d’affichages par jour. Donc c’était beaucoup de trafic dessus. Alors que c’était quelque chose qu’on n’espérait pas. Ce qui est plutôt une bonne surprise.

Donc on a continué un peu sur cet axe-là. On était 8, à un moment donné. J’avais 8 salariés uniquement avec un modèle d’éditeur de jeux sur mobiles.

Naier : Et de publicité je suppose ?

Romain : Et de publicité, voilà. Donc, modèle plutôt instable, qui peut exploser. Mais, finalement, quand on est dans la moyenne, même avec quelque chose qui marche bien. C’est très difficile de pérenniser les emplois. Et d’avoir un modèle qui tienne la route.

Donc pareil, on s’est beaucoup amusé. J’ai tenu pas mal de temps. Mais la pub a baissé. Puis voilà, la vie d’une société fait qu’on a quelques petits coups durs de temps en temps. Eh bien voilà, le modèle ne permettait pas d’absorber ça. Et ça coïncidait avec le moment où j’ai créé Warren Walter.

Ça périclitait un peu. Et avant que ne ce soit la catastrophe et que ce ne soit fini, j’ai préféré anticiper. J’ai préférer faire une transition vers un modèle un peu différent. Mais beaucoup plus stable qui est celui d’une agence comme Warren Walter.

Naier : D’accord ! Comment on fait pour clôturer justement une affaire qui vacille ? Comment on fait pour ses anciens salariés ?

Romain : Alors, ce n’était pas énorme en termes d’employés. On n’était pas beaucoup. Et c’est un peu au cas par cas. C’est-à-dire qu’il y en a qui sont partis même à l’étranger à ce moment-là. Il y en a un qui est parti à Londres par exemple. D’autres m’ont suivi dans l’aventure suivante.

Donc, il y a eu une transition qui s’est faite naturellement. Finalement, c’était juste de changer de contrat de travail. Et de continuer à travailler ensemble, mais sur d’autres sujets. Donc c’était un peu au cas par cas. Ce qui est difficile, c’est de renoncer, je trouve, à quelque chose à laquelle on a beaucoup cru.

De renoncer à une chose à laquelle il y a quand même du potentiel. De se dire à un moment donné : « bon ben stop, on arrête, on passe à autre chose ». Et éventuellement, de le transmettre à quelqu’un d’autre. C’est dur de ne pas repousser ce moment-là. Et d’avoir la clairvoyance un moment donné, ou le recul pour se dire : « bon ben, là, ça périclite. Il faut arrêter, il faut passer à autre chose ».

Naier : Ouais, tu n’as pas essayé de persister quoi. Tu as su que ça ne servirait à rien. Et puis il fallait passer à autre chose.

Romain : Ben, c’est ça, j’ai persisté quand même assez longtemps dessus. Je pense que c’était un cycle hein ! Je me suis fait plaisir pendant très longtemps. On a eu plein d’idées, voilà. C’était un peu une période où on pouvait essayer de mettre en place de nouvelles techniques de management.

De mettre en place des choses qu’on pouvait lire dans des bouquins d’entrepreneurs américains. Ceux qui essayent de transmettre des bonnes paroles ou de faire un peu gourou. Et quand on est jeune et qu’on débute, on lit ça avec énormément d’intérêts.

Et l’on se dit : « ah, c’est génial, ce sont des idées incroyables. Je vais passer à la semaine de 4 jours. Il n’y aura plus d’horaire dans ma boite… » des choses comme ça, et voilà. Donc on s’amuse à mettre ça en place. Après, on se rend compte que ça ne marche pas.

Finalement, ce qui est écrit dans les bouquins, il y a de bonnes idées des fois. Mais la plupart du temps, ça ne peut pas s’adapter à nous quoi. Il ne faut pas essayer absolument de copier ou de s’inspirer de ça. Donc voilà, c’était la fin de ce cycle-là. Et c’était le moment de repartir dans quelque chose de plus sérieux.

Comment il a créé son agence digitale

Naier : Donc là on arrive sur Warren Walter. Et du coup tu n’as toujours pas répondu à la question. Comment tu as eu l’idée et comment s’est passé le démarrage surtout ?

Romain : Bah c’était par capillarité de nos expériences à moi et à Quentin. C’est-à-dire que moi, j’étais plus dans tout ce que j’avais fait avec le studio de dev de jeux mobiles avec un peu toutes ces idées un peu innovantes. Entre temps, je me suis beaucoup investi dans une école d’ingénieur qui était la mienne.

Une école où j’ai créé des formations. Où j’ai créé des programmes startups aussi pour aider les jeunes à monter des startups. J’ai pris la responsabilité d’un incubateur de startups. J’avais une approche et un réseau dans tout ce qui est innovation startup. Un réseau que j’ai développé depuis plusieurs années.

Et Quentin, mon associé, avait plutôt une expertise sur les grands comptes, les grandes entreprises et la prestation de services pour ces entreprises-là. Finalement, on a essayé de mixer un peu l’approche innovation startup avec des clients grands comptes. Et c’est tombé au moment où, en 2015, on crée, fin 2014, Warren Walter.

Donc c’est quand même assez récent. Mais c’est vraiment la période où l’on entend parler de transfo digital partout. Celle où l’on entend parler des labs d’innovation qui se créent, des programmes d’intrapreneuriat dans des grands groupes… bon, voilà, tout cet esprit innovation startup dans les grands groupes, c’est clairement ce qui se passe au moment où on a créé Warren Walter.

Et du coup, ça nous a permis, dès le début, d’avoir des clients grands comptes. Et de travailler avec eux sur des problématiques informatiques d’innovation.

Comment il a décroché son premier client

Naier : D’accord ! Comment vous avez décroché votre premier client ?

Romain : Alors, le premier client, c’était le réseau hein. C’était un ancien client d’avant. C’est ça, beaucoup de clients à nous et beaucoup de business qu’on peut faire. Chez Warren Walter, c’est notre réseau. Ce sont des gens qu’on a croisés dans nos vies d’avant. Des gens avec qui on a bien accroché. Avec qui on a pu faire nos preuves.

On a travaillé, ça s’est bien passé, on s’est apprécié. Du coup, on se revoit peut-être 10 ans après, 5 ans après, 7 ans après, peu importe… on se revoit à ce moment-là. Et du coup, il y a possibilité de faire du business ensemble et de travailler. Donc le premier client c’était ça. Le premier employé aussi.

Et la plupart des employés après les premiers employés, c’était pareils. C’étaient des gens qu’on connaissait, qu’on a voulu recruter chez nous.

Naier : Et comment on introduit cet esprit startup dans un grand groupe. Parce qu’il y a quand même la structure du grand groupe, les décisions prennent du temps, etc. Quand on commence, on n’a pas le temps d’attendre. Comment on fait ?

Romain : Nous on vient plutôt en support des démarches qui sont vraiment initiées par ces groupes-là. Donc, dans certains groupes, ça va vraiment être des décisions qui viennent de tout en haut. De là où il y a vraiment une volonté du comité de direction. Et de se de dire : bon, allez, on part sur vraiment pousser l’intrapreneuriat par exemple ou pousser l’open innovation, les collaborations avec les startups, voilà, de pousser ces sujets-là. Et nous, on vient en renfort de ça.

Quand il y a déjà la volonté de tout en haut, ça ouvre des portes. Et ça facilite un peu notre travail qui est de mettre à disposition des compétences de développeurs, de designers pour aider ces projets-là ou de les coacher pour les aider à émerger. Après, même s’il y a une décision qui vient d’en haut : « OK, on va sur l’open innovation ou sur l’intrapreneuriat », il y a toujours des freins dans certaines entreprises – et c’est normal – de réticences ou des gens qui sont un peu réticents au changement.

Mais finalement, ça vient assez naturellement. Parce que, par l’exemple, on peut très vite faire comprendre que dans d’autres sociétés déjà, il y a des belles histoires à raconter. Même au sein d’un même groupe, souvent des choses dans laquelle on peut s’inspirer, qui donne envie, et finalement se dire :  » ah ! C’est possible ».

Et du coup, ça se propage assez vite et c’est assez bienveillant et voilà. Ça s’est fait assez naturellement. Il n’y a pas trop de complications.

Naier : D’accord ! Romain, chez Warren Walter, vous placez pas mal de gens de chez les clients, c’est bien ça hein ? Comment vous arriver à garder le lien avec ces salariés-là justement, qui sont, la plupart de leur temps, chez des clients je suppose ?

Romain : Effectivement, ça, c’est un des gros enjeux d’un modèle comme le nôtre. Parce que certains salariés sont à temps plein chez le client. Pn ne les voit quasiment jamais. Alors, on essaye déjà, nous, de fédérer autour de valeur au travers d’événements qu’on organise.

Ce qui nous permet de voir régulièrement, d’associer des consultants. Même des consultants qui sont en mission. Après, comme toute société comme la nôtre, on fait plein d’autres événements en parallèle. On va se retrouver tous les mois sur des thématiques. Nous allons essayer de créer des opportunités de se revoir. Et de se voir en dehors du temps de travail.

Et ça, on en fait beaucoup. C’est-à-dire que c’est quasiment tous les mois. Et soit sur des activités ludiques, soit sur des occasions de se rencontrer et de se voir.

Comment Romain est devenu un entrepreneur social soucieux de l’éthique

Naier : D’accord ! Romain, quel est le meilleur canal marketing que tu utilises pour faire croître ton business ?

Romain : J’ai envie de dire l’éthique. Ce n’est pas forcément un canal marketing. Mais, finalement, l’éthique qu’on peut mettre dans ce qu’on fait. C’est ce qui nous rapporte aujourd’hui le plus de clients. On a créé Warren Walter avec…

Naier : L’éthique dans quel sens ? Est-ce que vous refusez ce que vous ne savez pas faire ? C’est dans ce sens-là ?

Romain : Non, éthique, c’est faire confiance en nos choix en accord avec les valeurs qu’on peut porter ou auxquelles on croit, ou nos convictions, voilà. C’est l’éthique dans ce sens-là. Ça veut dire qu’on est capable éventuellement de refuser un projet. On est capable de refuser un contexte, un client qui ne va pas du tout avec notre façon de voir les choses.

Des contextes qui peuvent être, pas forcément très humains parfois, ou ce genre de chose. Mais aussi, l’éthique dans le sens où l’on va faire en sorte de mettre en œuvre des moyens pour pouvoir aider d’autres personnes. Plutôt que d’investir dans la publicité ou dans des campagnes de réseaux sociaux.

Nous, on veut investir sur la création de, par exemple, un programme comme Pimp my App qu’on a créé. Et qui a pour but d’aider des jeunes à accéder à des études supérieures dans le numérique. Donc, c’est un programme qui est 100% sur l’égalité des chances, sur la diversité, sur vraiment l’aide sincère de jeunes.

Des jeunes qui n’ont pas la chance soit d’être bien né, soit d’être né au bon endroit. Soit d’être né avec un peu de couleur de peau, soit d’être né avec tout un tas de choses qui font que certains jeunes auront beau avoir la motivation. Et savent déjà ce qu’ils veulent faire dans la vie – en ce qui nous concerne, c’est de travailler dans le numérique – mais malheureusement, ils ont plein d’obstacles face à eux.

Et c’est compliqué pour eux de faire de leurs rêves ou de leur passion une réalité et un travail. Donc pour certains de ces jeunes, passer par des études supérieures grâce à un format qui est l’alternance, ça permet de résoudre pas mal de choses. Ça permet d’être payés.

Du coup, peu importe d’où l’on vient. Ça fait vraiment marcher l’ascenseur social et on peut y arriver. Sauf que pour y arriver, il faut trouver une entreprise d’accueil. Il faut trouver un patron qui va vous faire confiance. Et qui va vous dire : « OK je te prends pendant 1 an, 2 ans.

Je te forme en alternance et je vais te payer un SMIC. Tu vas être là à temps partiel et en même temps je vais te former ». Pour arriver à avoir quelqu’un qui lui fait confiance comme ça, c’est quasiment la chose la plus dure et un gros problème d’accès.

Il y en a beaucoup qui, à ce moment-là, quittent cette voie-là avant de retrouver un autre job. Parce qu’ils n’ont pas trouvé un patron. Et donc, on a essayé de solutionner ça. On a essayé d’investir pour pouvoir mettre à profit notre expertise. Ce qu’on sait faire. Les méthodologies qu’on utilise avec nos clients comme « Design Sprint », qu’on travaille, qui est une méthodo qui a été créée par Google.

Toutes ces méthodes-là, toute cette façon de faire qu’on met en œuvre chez nos clients, on a essayé de le consacrer pour aider ces jeunes. Et donc, ça nous permet d’associer finalement des collaborateurs, des salariés de chez nous. Et de les impliquer.

Donc ça fédère, ça crée du lien entre nous. Même si un salarié en mission, je ne sais pas moi, chez Orange par exemple ou chez Vinci. Il va pouvoir peut-être donner un coup de main, prendre quelques jours de congé. On va pouvoir venir coacher des jeunes du programme, etc.

Et pour être clair dans ce programme-là, c’est une approche où l’on essaye de remplir leur CV. Une approche où l’on essaye de rajouter une ligne sur leur CV.

Naier : Ça se passe sur plusieurs mois ?

Romain : Ça se passe sur 2 semaines : fin août, début septembre. On associe finalement nos clients. Donc des grands comptes. Nous avons Accor Hotels, par exemple, qui participe, GRDF, GRTgaz… des clients dans plein de secteurs d’activités différents. Ils vont proposer des sujets d’applications vraiment concrètes chez eux, d’innovation, des problèmes à résoudre.

Et nous, avec nos méthodos de chez Warren Walter et avec nos consultants, on va prendre un groupe de 5 jeunes pendant 2 semaines. On va l’accompagner chez Deloitte qui sponsorise l’événement sur les 2 semaines. Donc, on va se retrouver dans une tour à la Défense. Nous allons nous retrouver dans des super locaux avec des gens en costard cravate autour de nous.

Et nous, du coup, on va aider ces jeunes-là, qui viennent d’un peu partout. Des gens qui ne sont pas dans ce moule justement. Et qu’on peut avoir à la défense, qui ne le sont pas encore en tout cas. On va les accompagner pour arriver à créer un vrai prototype qui soit utilisable par l’entreprise derrière.

Naier : Il y a plusieurs applications à faire justement ?

Romain : Ouais !

Naier : Il y a plusieurs groupes de personnes ?

Romain : Ouais !

Naier : Et chaque groupe a choisi ou on lui attribue une application à faire ?

Romain : C’est ça, on lui attribue une application.

Naier : Et ils partent de zéro ?

Romain : Ils partent de zéro

Naier : Avec les méthodos de Warren Walter ?

Romain : Voilà !

Naier :… leurs connaissances techniques peut-être ?

Romain : Alors même pas ! Avec la méthodo, on leur fait arriver à une maquette. Mais ils ont très peu de connaissances techniques. Généralement ils arrivent avec un CV qui est vide et très peu d’expérience.  Le but de ces 2 semaines, on a vraiment fait ce programme-là pour leur donner un maximum d’informations, de connaissances. Et les enrichir au maximum. Tant humainement que techniquement.

Donc, on arrive à les faire travailler sur des sujets. Ceux qui peuvent être : la sensibilisation à la biométhanisation par exemple pour GRTgaz. Sujet qui peut paraître très complexe. Mais que les jeunes ont pris vraiment en main. Et ont réussi à produire une plateforme web. Un site internet autour de ce sujet-là et de ce concept.

Donc, au final, ça leur permet de rajouter une dernière ligne sur leur CV. Une nouvelle ligne : « voilà, j’ai fait un prototype pour Accor Hotels, j’ai travaillé sur le design ». De façon à quand ils vont chercher leurs entreprises pour leur alternance après notre événement qui se passe en été.

Ça va leur permettre de trouver un entretien. Leur permettre d’avoir de la matière ensuite pendant un entretien pour pouvoir dire : « ah, j’ai fait ça et ça pendant Pimp my App. C’était génial. Ça m’a appris beaucoup de choses, etc. » Et ça déclenche l’intérêt, l’œil du recruteur.

L’aventure Pimp my App

Naier : Vous avez eu des retours d’expérience sur des gens qui ont décroché, grâce à ça, une alternance ?

Romain : Ah, ben oui, la plupart des jeunes, quasiment tous les jeunes ont eu un retour positif ou des retombées grâce à Pimp my App. On à Kirène, par exemple, qui est maintenant chez Air France. Nous avons Tiggy qui est chez Deloitte. Il a été repéré par Deloitte pendant Pimp my App et qui est chez Deloitte.

On voit vraiment nous – ça fait 2 ans maintenant, ça va être la troisième édition cette année – on voit vraiment des retours positifs parce que c’est une approche très concrète. Et les jeunes ont un espace d’expression pour montrer leur motivation et faire leurs preuves.

Naier : D’accord ! Et vous coachez combien de personnes ?

Romain : Alors, c’est 35 par promotion par année pour l’instant, voilà. Donc ça c’est un peu l’un des axes où on essaye de faire grandir l’événement. Parce que, quand je disais tout à l’heure, à l’origine c’était quel canal marketing vous permet de développer votre business ? Bah finalement, ce programme-là, on l’a fait d’abord simplement parce qu’on voulait vraiment aider ces jeunes-là juste par conviction.

Et on se rend compte, avec le recul, que ça nous permet d’ouvrir des portes chez de nouveaux clients. On arrive, du coup, à rencontrer un Accord Hotels par exemple. Nous arrivons à vraiment se rejoindre sur ces valeurs-là d’égalité des chances et d’innovation. Et Accord Hotel devient client VIP.

Ensuite, on va voir ce qu’on peut faire côté prestations de services pour eux. Éventuellement poursuivre les projets sur lesquels on fait travailler les jeunes en mode prestations, etc. Donc ça nous ouvre des portes supplémentaires par rapport à notre modèle. C’était plus un modèle sur le réseau au début.

Là, on se rejoint sur des thématiques. Ce sont des thématiques où l’on peut parler avec passion très facilement. Et on peut très vite se rejoindre, sans forcément un intérêt business direct.

Naier : D’accord ! Quand vous avez créé Pimp my App, c’était parce que toi et Quentin, vous avez reçu pendant vos études et puis vous voulez rendre ça? Ou est-ce que, pour autre chose, il y a une cause particulière pour avoir décidé de faire ça ?

Romain : Alors Pimp my App, je l’ai créé avec un ami qui s’appelle Damien Soissons. C’est aussi entrepreneur. Il a fait la même école que moi à l’époque. C’est avec lui que j’ai créé des programmes startups dans des écoles. Donc, on a déjà essayé depuis pas mal d’années de transmettre un peu notre passion de l’entrepreneuriat.

On a coaché ces jeunes-là. Nous avons coaché des jeunes qui étaient en format alternance. Et je pense que c’est là où l’on s’est vraiment rendu compte de ce que pouvait être la vie de beaucoup de… parce c’est très difficile quand on est un peu dans une bulle ou dans un milieu de faire preuve d’empathie vers d’autres classes sociales ou d’autres milieux. C’est vraiment quelque chose qui n’est pas facile.

On peut le voir, on peut avoir beaucoup d’empathie et comprendre. Mais tant qu’on ne le vit pas et que tant qu’on n’y est pas vraiment confronté, c’est assez difficile. Et je pense que le déclic s’est fait là. C’est qu’on a rencontré des jeunes qui étaient vraiment géniaux.

Mais que la vie fait qu’ils n’arrivaient pas à bénéficier d’un ascenseur social qui n’existe pas clairement ou qui est très difficilement accessible. C’est ce sentiment d’injustice là et de se dire : « mais ce n’est pas possible, on ne peut pas, aujourd’hui, ne pas réussir à faire ce qu’on veut, à travailler dans le numérique. Simplement parce qu’on n’est pas né au bon endroit ».

Voilà, c’est surtout ce sentiment-là qui nous a dit : « bon, il faut qu’on fasse quelque chose. Quelque chose de concret, qui a du sens et qui nous plaisent quoi ».

Naier : Excellent, Romain, où est-ce que vous en êtes aujourd’hui avec Warren Walter ? Quelques chiffres ?

Romain : Aujourd’hui, on est 34 consultants chez nous. On a créé en 2015. Nous avons plus d’une trentaine de clients grands comptes : Direct Energie, Loxam, voilà, ce type de client là. Mais aussi de grosses startups comme Deezer par exemple.

Donc, aujourd’hui on est très heureux d’avoir pu rencontrer cette croissance-là en accord avec des programmes comme Pimp my App. Et que les deux marchent ensemble. On est aussi très heureux qu’on puisse avoir une société qui soit très rentable.

Une société qui marche très bien avec un super modèle de prestation sur la partie service pour les grandes entreprises. Avec, en même temps, une éthique. Et des vraies choses concrètes qu’on peut faire, voilà. On est très heureux de ça. Nous sommes assez impressionné de cette croissance-là. Et on a encore envie de pousser les deux en parallèle.

Ça s’ajuste bien sûr, c’est-à-dire que… malgré tout, très récent, il faut bien avoir un équilibre entre les deux. Il faut y aller naturellement. Donc c’est ce qu’on essaye de faire.

Naier : S’il y a une offre de rachat qui est mise sur ta table, est-ce que tu y réfléchiras? Ou est-ce que tu te dis : « non, je n’y réfléchirai même pas ? »

Romain : Alors, moi, j’ai monté 4 sociétés avant d’avoir cette société-là. Beaucoup de sociétés au début. Avec une recherche un peu de profit d’argent. On veut monter une boite parce que le fichier Excel nous montre qu’on va être riche et qu’on va avoir de la récurrence et qu’on va être tranquille très vite. Il nous montre qu’on va pouvoir faire le tour du monde en bateau.

Finalement, là où je suis plus content, c’est qu’avec Warren Walter, j’ai vraiment pu découvrir que l’entrepreneuriat avec un autre moteur, qui n’est pas forcément celui de profit et de l’argent, c’est quelque chose dans laquelle on peut vraiment s’épanouir et s’éclater.

Que ce soit dans le recrutement de collaborateurs, donner sa chance à des gens, pouvoir les embaucher quel que soit leur origine, leur parcours, qu’ils soient en reconversion, peu importe… avoir ce pouvoir-là, cette chance-là de pouvoir faire ça, c’est déjà quelque chose d’incroyable. Et pouvoir monter des programmes comme Pimp my App qui aide des jeunes. Ça apporte énormément de satisfaction.

Si, en plus, on a un modèle de société qui est rentable et qui permet de bien payer tout le monde, pour moi c’est l’idéal. Donc, finalement, une offre de rachat, pourquoi ? Est-ce que c’est pour avoir de l’argent finalement ? Une grosse somme et partir sur une île déserte, bon, pourquoi pas ? Mais je trouve qu’un modèle comme ça, quand on arrive à l’avoir, c’est une chance telle que je pourrais encore continuer pas mal de temps là-dessus.

Naier : Excellent ! Romain, quelles sont les prochaines étapes clés de la croissance de Warren Walter ?

Romain : Bah nous, on va continuer à développer la prestation de service chez nos clients. Aujourd’hui, l’étape clé c’est que, commercialement, on a une vision très technique. C’est-à-dire que moi, je suis ingénieur, j’étais développeur, mon associé aussi.

On a une vision qui est vraiment sur l’expertise technique. Nous aimons la technique, donc voilà. Notre enjeu, aujourd’hui, c’est d’aller plus vers du commerce. Ce qu’on fait déjà depuis quand même pas mal de temps. Aujourd’hui on a 4 commerciaux.

Bien sûr, chez nous, c’est d’aller développer un peu plus ce côté commerce chez nos clients. Puisqu’on a aussi beaucoup de portes ouvertes chez des clients, ce qui est assez rare.

Naier : Ouais parce que dans les 34 consultants pour une trentaine de clients, ça fait pas mal.

Romain : C’est ça, donc ça fait beaucoup de clients. Donc maintenant, l’idée c’est d’aller travailler un peu chez ces clients. C’est de décrocher d’autres projets, de se faire connaître plus, etc. Et c’est un peu l’enjeu à venir. L’enjeu qui vient naturellement derrière c’est de développer des programmes comme Pimp my App, éventuellement sur d’autres thématiques.

Là, on est concentré sur l’éducation des jeunes et l’égalité des chances pour les jeunes. Maintenant, on en train de réfléchir à un programme pour les réfugiés où les migrants. Pareil, pour leur ajouter une ligne sur leur CV quand ils arrivent en France avec une boite française.

Même programme, même ingénierie pédagogique, peut-être pas les mêmes entreprises partenaires à avoir. Mais on est en train de réfléchir à ça. Donc ça, ça viendra sûrement bientôt. Ça va être un axe d’amélioration de dupliquer un peu ça sur d’autres thématiques. Je pense que sur cette année, on va au moins essayer de l’annoncer. Et peut-être de le faire sur 2020.

L’association avec un ami qui s’est soldée aux tribunaux et ce qu’il en tire comme leçon

Naier : Excellent ! Romain, c’est le moment des temps forts. Quel a été le pire moment de ton parcours d’entrepreneur et comment tu as fait pour rebondir ?

Romain : Le pire moment, c’est probablement la deuxième société que j’ai montée. Cele qui avait pour but de faire un site web assez sympa. Ça s’appelait : mon frigo.com. C’était pour faire des recettes de cuisine avec ce qu’on a dans son frigo, modulo à un ingrédient.

On était parti là-dessus. Nous avons bossé pendant peut-être un ou 2 ans sur le projet avec un associé. Et au bout d’un an et demi, à l’époque, c’était en parallèle de mon école, mon associé, pour des raisons personnelles, a décidé de tout arrêter.

Il a voulu tout arrêter du jour au lendemain. Alors qu’on n’avait même pas testé si ça pouvait marcher. On venait de finaliser le projet. Et du jour au lendemain, il a décidé de tout arrêter. On était à 50-50 au niveau des parts. Il était d’une famille d’avocats. Et, à l’époque, il m’a envoyé ses avocats pour récupérer le projet. En même temps, pour arrêter la société, pour bloquer la société.

Donc gros coup dur parce que, forcément, on s’investit pendant un an et demi. Et du jour au lendemain, on se retrouve devant les tribunaux à essayer de se débrouiller. On se retrouve à prendre des avocats et pas forcément connaître les ficelles.

Donc ça, c’est une première expérience devant la justice pour ça, donc difficile : beaucoup de désillusions. Après, il faut déjà se sortir de ça. Et ensuite, il faut repartir sur d’autres projets.

Naier : Et comment ça s’est soldé cette histoire ?

Romain : Finalement j’ai lâché. Je lui ai laissé prendre éventuellement les sources ou le projet. Moi, je pouvais aussi le réutiliser mon côté et on a clôturé la société. Du coup, j’ai arrêté, lui aussi. Et on a partagé le peu d’argent qu’il avait dedans et voilà. Ça s’est terminé comme ça.

Mais c’était après quand même pas mal de temps de discussion de : « moi je veux récupérer tant… je veux poursuivre avec le nom, avec la marque, etc. »

Naier : Ouais, alors que personne ne l’a pas réutilisée après je suppose ?

Romain : Alors que personne ne l’a pas réutilisée. Puisque ça ne valait rien à l’époque. Ce n’était même pas vraiment testé. Sauf que c’est difficile quand on est dedans, dans son projet. Et quand il s’agit des premières aventures entrepreneuriales, on a tendance à se dire : voilà, on a eu l’idée du siècle, notre idée, elle est géniale, elle vaut beaucoup. Alors ce n’est qu’une idée. Et que ça ne vaut rien. Beaucoup de personnes ont la même idée à côté.

Et ça, on ne s’en rend pas forcément compte. C’est-à-dire que l’on est un peu dans notre bulle. On y croit, on a beaucoup de confiance en nous. Puisque, forcément, pour monter une boite, il faut aussi avoir un caractère, je pense, qui traduit un peu ça.

Il faut de l’ego, il faut de la confiance en soi pour croire et pour pouvoir oser. Et, du coup, le pendant négatif c’est que l’on croit qu’on a la meilleure idée. Il y a plein de travers. C’est-à-dire qu’on ne va pas forcément parler aux autres. On va dire : « mon idée, elle est secrète, tant que je l’ai pas faite, on n’en parle pas, etc. ». Alors que c’est une grosse erreur.

Du coup, on y attache tellement d’importance que quand a une désillusion comme ça, c’est dur de se dire : « bon ben, le projet s’arrête. Mais, en même temps, le projet ne vaut rien, ce n’est pas grave ».

Non, on croit quand même que le projet vaut quelque chose. On croit qu’il a du potentiel, qu’on s’investit dedans. Et que c’est une super idée. Mais, au final, ça ne vaut rien. Si on arrête pour faire autre chose, que l’on fait quelque chose de différent ça ne change en rien.

Naier : Si tu devais le refaire, tu le referais comment ?

Romain : Alors, ben, je l’ai refait après en fait. Je me suis réassocié dans d’autres projets. J’ai changé une chose : c’est le 50 – 50. Je ne me suis plus associés, même en étant à 2 à 50 – 50 au niveau des parts. J’ai même accepté, après, d’être à 49 – 51 et de laisser le lead à l’autre associé en termes de parts histoire ne pas bloquer.

Et finalement, qu’est-ce que ça change ? Quand on se lance dans une aventure, qu’on est à 49% – 51%, dans les faits, on peut se dire qu’on se paye pareil. Nous pouvions nous dire que nous allons nous investir de la même manière. On fait confiance à son associé. Finalement, voilà, ça ne change pas grand-chose.

Naier : Et le fait d’avoir développé pendant un an et demi une application sans avoir vu un client, est-ce que tu le referais autrement ?

Romain : Bah oui c’est, aussi l’expérience. Quand on discute avec plein d’entrepreneurs, je suppose que dans tes podcasts, ça a dû ressortir. C’est d’abord aller voir les clients et vraiment les connaître avant d’avancer sur la réalisation de son produit. Donc le plus tôt possible.

Ça évite bien des erreurs. Et ce sont des erreurs que je ne referai pas. Maintenant, si je me lance dans la création d’un produit, c’est sûr que, comme les méthodos qu’on utilise avec nos clients comme le design sprint…

Ce que signifie Design Sprint

Naier : Tu peux nous en parler un petit peu de ce design sprint ?

Romain : Ouais, bien sûr! Le design sprint c’est une méthodo qui a été créée par Jake Knapp nappe. Elle a un ancien de Google Ventures, donc le fonds d’investissement de Google. Et c’est une méthodo qui met en musique plusieurs ateliers de design thinking.

Elle ne réinvente pas la roue. C’est-à-dire qu’elle va réutiliser des petits ateliers pour pouvoir permettre à une équipe de traiter un problème et, en une durée très réduite. Donc en 4 ou 5 jours, de passer de l’idée ou de la problématique à un prototype testé auprès de 5 utilisateurs.

Donc, on prend la problématique. Ensuite, on va faire des ateliers qui permettent à l’équipe de diverger. Donc de partir dans des idées au-delà du raisonnable par rapport à ce qu’il pourrait faire. Ensuite, on fait reconverger l’équipe vers une solution, en prototype cette solution. Donc là, un prototype, c’est sous forme de maquette. C’est très artisanal. Mais il faut que ça permette d’avoir un test concret le dernier jour du design sprint.

Naier : Quand on dit maquette, c’est important pour les auditeurs, qu’est-ce que ça pourrait être une maquette justement ?

Romain : Le design sprint s’applique à tout. C’est-à-dire que ce qui est intéressant c’est que cette méthode a été conçue et testée, par exemple. Même pour améliorer l’expérience en magasin. Sauf que nous, on l’applique principalement sur des sujets qui sont sur le numérique. Donc le digital numérique : des applis mobiles, des sites internet, etc.

Finalement une maquette, pour nous, ça va être des écrans animés. Ils permettent de mettre entre les mains de l’utilisateur soit un ordinateur, soit un téléphone portable avec une simulation d’une application. Et, du coup, la maquette, l’application, elle est paralysée derrière.

On utilise des petits outils comme Axure par exemple, ou des outils de ce type-là. Ceux qui vont permettre d’animer et de simuler une application. On va aussi, peut-être, dès fois, simplement utiliser un PowerPoint. Nous pouvons  très bien faire une superbe maquette avec un PowerPoint où on a des slides. On a des liens sur des slides et qui simulent un écran ou un navigateur web.

Naier : Donc ça n’a pas besoin d’être très compliqué ?

Romain : Ça n’a pas besoin d’être très compliqué. Il faut quand même que l’utilisateur sur lequel on va faire tester croie vraiment au produit. Pour qu’il ne se dise pas : c’est du faux ou c’est du papier, etc. Il faut vraiment quand même qu’il ait ce sentiment de tester quelque chose de réel.

Et pourquoi 5 utilisateurs finalement? Puisqu’on pourrait en avoir 10 ou 2, bah ça, pareil. C’est Google qui a expérimenté au bout de plein de designs sprints que plus de 5 utilisateurs, la récurrence dans les remarques – et là, les utilisateurs vont toujours dire : « ah ce bouton-là, je ne le comprends pas, ou il est vert au lieu d’être rouge. Ce n’est pas normal, etc. » – et en deçà de 5, il n’y a pas assez de récurrences.

Donc on va avoir un qui va dire : « oui c’est bien ». Nous auron un autre  qui va dire : « non ce n’est pas bien ». Du coup comment décider ? Ce n’est pas possible. Le but du design sprint, c’est d’avoir une direction à la fin, de se dire : « OK ce produit-là, soit on va droit dans le mur et tant mieux ».

Puisqu’on se rend compte au bout de 4 jours qu’on allait droit dans le mur. Et on ne perd pas un an et demi comme j’ai pu le faire dans mes boites d’avant. Ou on se rend compte qu’il y a quelque chose à creuser, que les utilisateurs sont plutôt intéressés.

Et à ce moment-là, on va repartir sur une itération. Peut-être un nouveau design sprint avec quelque chose d’autre à améliorer ou à modifier. Ou une direction pour le projet et avancer dans le projet. Parce qu’on sait que moyennant quelques modifications ça peut marcher.

Son plus beau moment

Naier : Excellent ! À contrario, quel a été ton plus beau moment ?

Romain : Alors, mon plus beau moment, je pense que ça a été grâce à Pimp my App. Ça a été de me rendre compte que j’ai pu créer quelque chose avec toute l’expérience que j’ai pu acquérir avant, l’expertise. Voilà ce qu’on fait chez Warren Walter.

J’ai pu créer quelque chose qui, vraiment, a eu un impact et qui aidait vraiment les jeunes. Et le plus beau moment, c’était quand on a fini Pimp my App, la première édition. Au bout du programme les jeunes nous ont fait des discours. Et nous aussi on leur a dit ce qu’on pensait d’eux, qu’ils étaient géniaux, etc.

À ce moment-là, tout le monde a fini en pleure. Les jeunes se sont mis à pleurer. Les coachs, moi, tout le monde, on avait un peu la larme à l’œil. C’était tellement fort en émotion d’avoir vécu ça, d’avoir vraiment une sincérité, une entraide, une bienveillance qui se voit et qui est concrète. Que des deux côtés, il y avait vraiment un soulagement.

Finalement, on s’est dit : ça redonne envie de croire en la société. On peut y arriver, on peut faire des belles choses ensemble. Nous pouvons aider notre voisin à réussir. En échange, il nous le rend bien et nous enrichit énormément. Je pense que c’était le plus beau moment, c’est ça. C’est le moment où je me suis dit : « ah, là je suis vraiment à ma place.

Je suis entrepreneur, je fais du business, je crée de la richesse. J’embauche des gens, je développe ma boite. Mais, en même temps, je suis à ma place. Parce que j’ai la liberté de mettre en place des programmes comme ça à côté ». Je pense que c’était le plus beau moment, c’est quand je me suis rendu compte que vraiment ça pouvait avoir du sens ce que je faisais et que c’était concret.

L’interview top 5

Naier : Romain, c’est le moment de l’interview top 5. Le livre que tu recommandes ?

Romain : Alors si c’était il y a 10 ans, j’aurais recommandé plein de livres genre : « Zero to one » ou « La fin du management ». Ou des livres de gourous comme la biographie de Steve Jobs. Il doit encore être quelque part dans ma bibliothèque.

Aujourd’hui, je pense que je ne recommanderais pas ce type de bouquins. Je trouve que c’est… finalement, ça peut être inspirant, ça peut être intéressant. Mais les conseils que l’on peut voir dedans, malheureusement, ne sont pas forcément applicables à ce qu’on peut faire dans nos sociétés. C’est très rare.

J’ai essayé de le faire, c’est très compliqué. Ça peut donner quelques idées, mais c’est assez limité. Je conseillerais plutôt de lire un bon roman aujourd’hui : « Le lecteur de cadavres » par exemple, ou « The stupid game ». Ça permet de s’évader. Et après, de se remettre dans le business et d’avoir une petite parenthèse pour soi de lire ce type de livre.

Naier : Excellent ! L’entrepreneur que tu suis ou dont tu es fan ?

Romain : Alors je n’ai pas forcément d’entrepreneur que je suis. J’en ai aussi admiré beaucoup avant. Steve Jobs qui faisait rêver à certains moments. Aujourd’hui je n’ai pas forcément d’entrepreneurs que je suis ou qui me font rêver.

C’est plutôt les gens que je rencontre. Beaucoup de gens dans le milieu associatif qui s’investissent beaucoup. Des gens qui sont à la Fondation Agir Contre l’Exclusion, par exemple, que je parraine pour un programme qui s’appelle : « Osons l’apprentissage et l’alternance ».

Voilà, il y a des gens qui sont au mécénat de compétences. Des gens qui ont quitté leurs entreprises pour s’investir pendant 1-2-3 ans à fond dans le milieu associatif. C’est plutôt ces gens-là que j’admire aujourd’hui. Ce sont ceux que je suis et avec qui j’ai un intérêt particulier.

Naier : Ton outil en ligne préféré ?

Romain : Aujourd’hui, c’est LinkedIn. C’est lui qui me permet de travailler, de rencontrer des gens. Il me permet d’entrer en contact avec des entrepreneurs ou des gens avec qui on n’aurait pas forcément accès. Ça c’est aussi quelque chose que j’ai beaucoup fait et que je continue à faire.

Par exemple, pour Pimp mis App, là je suis en contact avec l’équipe de Jamel Debbouze pour essayer de l’avoir comme parrain de l’événement. C’est très long. Mais des outils comme LinkedIn permettent de rentrer en contact avec des personnes qu’on n’aurait jamais rencontrées.

Naier : Tu l’as contacté par email ?

Romain : J’ai contacté Mohamed Debbouze qui est son frère et qui travaille beaucoup avec lui. Et de fil en aiguille, j’ai réussi à avancer. Ça a débuté grâce à LinkedIn comme ça.

Naier : Pimp my App te prend beaucoup de temps quand même hein ?

Romain : Oui, ça prend pas mal de temps que dans ce qu’on fait, dans ce que je fais. Moi aussi, à titre personnel. C’est-à-dire que ça me prend peut-être un tiers de mon temps aujourd’hui. Mais, finalement c’est aussi un tiers d’aide supplémentaire de mon temps. J’aime tellement faire ça que, finalement, ça ne se compte pas et voilà. On prend du plaisir donc tant mieux quoi.

Naier : Ton premier conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer aujourd’hui ?

Romain : Ça serait peut-être de faire attention à bien garder en tête de rester humble dans sa création. Se lancer demande beaucoup de courage. Et il faut une confiance en soi qui soit assez forte. Parce qu’on peut créer même si l’on n’a pas forcément la sécurité qui lui permet, la famille qui permet, etc., pour créer des choses.

Mais il faut quand même, je pense, avoir un ego qui fait qu’on croit en ce qu’on fait. Et il faut faire attention à ce que cet ego-là ne se transforme pas très vite en quelque chose qui soit néfaste. Et qui puisse mal tourner. Donc rester humble. Je pense que c’est le meilleur des conseils. Ça va permettre de continuer à apprendre d’autres personnes, d’autres entrepreneurs. Et ça va permettre de se remettre souvent en question, d’avancer et de rester à sa place. Voilà mon conseil.

Naier : Excellent ! Le meilleur investissement que tu as réalisé pour faire croître ton business. Ça pourrait être un investissement en termes de temps, de moyens humains, de moyens financiers, un produit ou un service ?

Romain : Le meilleur investissement ça a été d’investir dans Pimp my App. Clairement de se dire : « allez, on y va, on investit dedans, on met des moyens dedans ». Ça, c’est clairement quelque chose qui a eu le meilleur retour. Et qui était un peu inespéré. Puisqu’au début, on n’espérait aucune retombée business de ça.

Finalement, on s’est rendu compte très vite, avec la première édition, qu’on en avait. Et que ça nous ouvrait encore de nouvelles portes chez des clients. Clairement, le meilleur investissement ça a été de se faire confiance sur ses convictions. Et de se dire : « bon ben, on va investir, on va se faire plaisir sur la création de cet événement-là. Et puis après, on verra ».

Naier : Romain, merci de nous avoir accordé cette interview. Est-ce que tu pourrais dire à nos auditeurs où est-ce qu’ils peuvent te suivre ?

Romain : Bonne question. Ben soit ils peuvent me contacter sur LinkedIn s’ils le souhaitent. Puis, on essaye de faire pas mal d’événements via Pimp my app. Ils pourront venir assister à des événements que l’on fait par exemple chez VivaTech ou ailleurs autour de ça. Ils peuvent commencer par me contacter sur LinkedIn, ce sera très bien.

Naier : Parfait, merci Romain, à bientôt !

Romain : Merci à toi !

Naier Saidane

Naier Saidane

Blogueur, Podcasteur & Coach Entrepreneuriat

Naier est blogueur et expert en business en ligne. Rejoignez Naier et 53k lecteurs mensuels de L’Entrepreneur en vous pour construire, développer et monétiser votre business en ligne.

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