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Aujourd’hui, je suis très heureux d’accueillir Frédéric Bardeau, président et co-fondateur de Simplon.co.

Simplon est une école d’un nouveau genre qui propose des formations gratuites aux métiers du numérique, en priorité aux personnes défavorisées : aux jeunes peu ou pas diplômés, aux allocataires du RSA, aux handicapés, aux réfugiés … Bref, à tous ceux qui sont oubliés par le système.

Dans cet épisode, vous allez découvrir :

Comment est venu l’idée de Simplon avec l’aide de 3 de ses anciens élèves.

Frédéric partage avec nous ses débuts d’entrepreneur et comment Il a rejoint 3 de ses anciens élèves au CELSA pour créer Simplon.

Les 4 associés se sont lancés sans fonds propres ni business model. Frédéric décrit le lancement comme étant chaotique, mais y a-t-il réellement un lancement de startup réussi sans que cela ne soit chaotique ?

Les 4 bonhommes se sont d’abord focalisés sur la qualité du produit et sur la sélection de leurs futurs élèves.

Ensuite, ils ont cherché un modèle économique viable en testant tous les modèles possibles et imaginables.

Dans cet épisode vous allez découvrir

  • 01:40 : Son tout premier business.
  • 02:40 : Comment il a trouvé l’idée de Simplon.co
  • 03:41 : Comment s’est passé le démarrage.
  • 05:12 : La recherche du Business Model de Simplon.
  • 07:28 : Le meilleur canal marketing qu’il a utilisé pour faire connaitre Simplon.
  • 11:28 : Les chiffres de Simplon, aujourd’hui.
  • 15:15 : Les prochaines étapes clés de la croissance de Simplon.
  • 18:46 : Le pire moment de son parcours d’entrepreneur et comment il a fait pour rebondir.
  • 20:54 : Le plus beau moment dans son parcours.
  • 23:58 : Les livres qu’il recommande.
  • 26:19 : Les Entrepreneurs qu’il suit.
  • 27:13 : Son outil en ligne préféré.
  • 27:39 : Son 1er conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer aujourd’hui.
  • 28:26 : Le meilleur investissement qu’il a réalisé pour faire croître Simplon.

Ressources mentionnées

Les Livres qu’il recommande

  • La semaine de 4 heures de Tim Ferriss
  • La Biographie de Elon Musk de Ashlee Vance
  • La Biographie de Muhammad Yunus

Les entrepreneurs qu’il suit

  • Jean-Marc Borello du Groupe SOS
  • Thibaut Guilluy du Groupe Ares
  • La Ruche qui dit Oui !
  • Olivier Mathiot de PriceMinister
  • Frédéric Mazzella de BlaBlaCar
  • Ludovic Le Moan de SigFox

Son outil en ligne préféré :

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Frédéric le freelance

Naier : Frédéric est ce que tu es prêt à nous révéler l’entrepreneur qui est en toi ?

Frédéric : Absolument !

Naier : Excellent ! Aujourd’hui je suis très heureux d’accueillir Frédéric Bardeau, le cofondateur de Simplon. Il s’agit d’une école d’un nouveau genre qui propose des formations gratuites aux métiers du numérique aux personnes défavorisées en priorité.

Frédéric, avant de parler de Simplon, j’aimerais qu’on remonte le temps et qu’on s’intéresse un peu à ton parcours personnel. Est-ce que tu te rappelles de ta première idée de business que tu as réalisé. ?

Frédéric : Je dirais que c’est vraiment très tardif. Moi je me suis un entrepreneur très tardif. En fait je m’étais juré que jamais je ne deviendrais entrepreneur parce que j’ai une famille de commerçants. Donc, je me destinais plutôt aux services de l’État ou au journalisme ou à l’armée. On y reviendra peut-être.

Je suis un ancien militaire. C’est vrai que la première fois où j’ai vraiment fait un projet entrepreneurial c’est quand j’en ai eu marre d’être salarié et que je suis devenu freelance. Donc, c’est assez tardif, c’était en 2003.

Naier : D’accord ! Et tu faisais quoi comme freelance ?

Frédéric : J’étais freelance en communication digitale pour les ONG. C’est ma spécialité d’abord avant Simplon.

La naissance de Simplon

Naier : D’accord ! Intéressant ! Ensuite il y a eu Simplon. Donc là-dessus, on aimerait savoir comment tu as trouvé l’idée et comment s’est passé le démarrage ?

Frédéric : Alors l’idée ce n’est pas moi qui l’aie eu. En fait, moi j’étais déjà freelance. Après, j’ai monté une agence de communication spécialisée sur les ONG qui existe toujours, qui est l’agence LIMITE. C’était ma vraie première expérience entrepreneuriale.

C’était déjà une entreprise sociale à l’époque, donc il y avait déjà cette sensibilité-là. En même temps, je donnais des cours d’innovation numérique au Celsa, l’école de com de la Sorbonne. Et c’est quand j’ai donné ses cours au Celsa que j’ai eu pas mal d’étudiants qui étaient vraiment des gens formidables.

Il y en a un avec qui j’ai écrit tous mes livres et trois autres, en fait, que j’avais eu quelques années auparavant, qui m’ont recontacté par la suite et qui m’ont raconté le projet de Simplon.

Donc, au début Simplon, c’était l’idée de trois anciens étudiants. En fait, on en parlant et en essayant de trouver des solutions ensemble, je me suis retrouvé à rejoindre le projet. L’idée de Simplon est parti comme ça.

Un démarrage chaotique

Naier : D’accord ! Et comment avez-vous démarré ?

Frédéric : N’importe comment ! Souvent, je dis  que c’était vraiment la collection de toutes les mauvaises pratiques entrepreneuriales. On a commencé sans fonds propres, sans modèle économique, en signant un bail pour trois ans et en lançant d’abord le projet et en cherchant le modèle après.

Donc c’est vrai que c’est un peu particulier. À posteriori, je me dis que ça s’est bien passé, mais ça aurait pu aussi très mal se passer.

On s’est vraiment complètement focalisé sur la qualité du produit, d’avoir la meilleure formation possible et de trouver les gens les plus talentueux, mais qui venaient d’horizons complètement divers et plutôt défavorisés.

On a fait un premier groupe d’une trentaine de personnes. Il y a eu 17 nationalités différentes, une mixité de l’ordre de 50 % de filles. L’âge, ça allait de 18 à 55 ans avec des gens venant d’horizons différents.

C’était une promo géniale et on a commencé à faire la première formation Simplon 2013 à Montreuil. C’est là que les ennuis ont commencé. La formation se passait très bien, mais assez rapidement, on n’avait plus d’argent.

Donc, il a fallu trouver assez rapidement des solutions pour continuer à financer ça puisque la formation était bien sûr complètement gratuite pour les apprenants.

Naier : D’accord, et du coup, c’est quoi les canaux de financement que vous avez trouvé ?

Frédéric : Bah, en fait nous on a été et on reste toujours des passionnés de numériques. On vient plutôt du monde des geeks, mais on ne connaissait pas du tout la formation professionnelle, l’insertion professionnelle et tout ce qui est devenu après notre quotidien et le métier principal de Simplon.

Donc, en fait, on a essayé tous les modèles économiques possibles et imaginables sans arriver à trouver pendant au moins deux ans le modèle économique principal de Simpon. Donc on a essayé le crowdfunding on a essayé les subventions le mécénat, on a essayé de vendre des prestations : soit des sites web, soit de la formation des salariés, soit des ateliers pour les enfants, des hackathons.

Enfin, on a tout essayé pour trouver un modèle économique qui est dérivatif et qui nous permettait de maintenir la gratuité des formations.

C’est seulement au bout de deux ans après avoir subi plein d’échecs et de déconvenues qu’on a fini par comprendre comment fonctionne le système de formation professionnelle en France. Donc maintenant, on a bien compris comment ça marche.

En fait quand on forme des demandeurs d’emploi, en fait le modèle économique, c’est qu’il y a une partie qui vient de pôle emploi, il y a une partie qui vient des organismes qui collectent l’argent de la formation professionnelle qu’on appelle des OPCA, et la dernière partie, elle vient de la collectivité locale qui gère cette tutelle sur la formation professionnelle des demandeurs d’emploi, et ce sont les régions en fait.

C’est ce mix entre Pôle Emploi les OPCA et les régions qui est le modèle économique normale d’un organisme de formation pour demandeur d’emploi. Mais comme on en avait trouvé d’autres, en fait ils viennent s’ajouter aux modèles économiques traditionnels ; et donc comme ça, ça nous permet d’aller encore plus loin et encore plus vite et de former encore plus de personnes gratuitement.

Naier : C’est excellent ! C’est-à-dire que vous avez une idée, vous y croyez, vous savez que ça allait marcher, vous avez trouvé les étudiants, vous avez commencé à faire les cours, je suppose que vous-même vous donnez des cours, c’est ça ?

Frédéric : Oui, un petit module. Après, je ne suis pas un développeur donc c’est vrai que ce n’est pas moi qui donnais la totalité du cursus. Mais ouais, on mettait tous la main à la pâte.

Naier : Du coup, après vous avez essayé de trouver le modèle économique : comment financer ça ? Donc, c’est original.

Frédéric : C’est sûr !

Pourquoi ils ont choisi un canal marketing traditionnel pour faire connaître leur business

Naier : Frédéric, quel a été le meilleur canal marketing que vous avez utilisé pour faire croître Simplon ?

Frédéric : À partir du moment où notre idée c’était de proposer cette formation à des gens qu’on ne trouve pas dans le numérique ou qu’on ne trouve pas assez dans le numérique.

C’est-à-dire : des gens qui n’ont pas de diplôme, des femmes, des gens de tous les horizons, des demandeurs d’emploi, des seniors, des réfugiés, tout ce que tu veux qui sort du stéréotype de l’homme blanc qui à fait une école d’ingénieur on va dire.

Il fallait qu’on aille leur parler parce que la plupart du temps ces gens-là ne se considèrent pas comme légitimes et si tu leur dis :  » viens à Simplon, tu peux devenir développeur en quelques mois et c’est gratuit », souvent ils vont dire : « mais non ce n’est pas possible, ce n’est pas pour moi, j’ai été nul en maths, l’informatique c’est un truc d’ingénieurs… »

Donc il nous fallait un canal marketing qui ne soit pas pôle emploi, les missions locales et les gens qui sont en contact avec les publics parce qu’eux-mêmes avaient du mal à comprendre le modèle de Simplon.

Ils pensaient que ce n’était pas possible de former gratuitement comme ça en quelques mois des gens débutant à ces métiers-là, donc ça ne pouvait pas être ce canal-là.

Aussi, le meilleur canal qu’on n’ait jamais trouvé, et c’est encore vrai aujourd’hui, ce sont les médias. Donc vraiment la communication par les radios, la télé, le fait de passer dans les journaux locaux, des municipalités, des régions, et aussi d’aller tracter dans les quartiers, dans les zones rurales avec des flyers, des prospectus, de faire des ateliers, c’est vraiment ça qui nous ramène plus de 50 % de nos candidats. Ils viennent parce qu’ils ont entendu parler nous dans les médias.

Naier : D’accord !

Frédéric : Mais ça a été vrai pour les partenaires aussi. Ceux qui entendaient parler de Simplon, les premiers financeurs en fait se sont dit : « mais c’est quoi ce truc-là, ça à l’air bizarre ». Ils nous ont découverts dans la presse et ils sont venus comme ça en fait. Ça reste quelque chose de très puissant les relations presse.

Naier : Et vu que le projet est plutôt social, je pense qu’au niveau de la presse, c’est passé facilement je suppose ?

Frédéric : Oui, complètement, d’autant que j’ai une petite anecdote. Je me rappelle ce que j’ai dit, c’est-à-dire qu’on était quatre couillons sans fonds propres avec une belle idée, sans modèle économique. Mais, ce que je dis souvent c’est : on s’est lancé la même semaine que l’école 42.

Donc il faut imaginer ces quatre couillons sur leur canapé rêver Simplon, qui parlent de leur projet à quelques potes et qui, un matin, un jeudi matin, je me souviendrai toute ma vie, commence à recevoir des SMS de tous nos amis en disant :  » T’as vu Xavier Niel, il met 100 millions d’euros pour faire la même chose que vous, c’est super ».

Là on a flippé, mais ça a effectivement validé notre modèle parce qu’on était le petit Simplon social à côté du grand monstre 42 du milliardaire quoi.

L’importance du suivi

Naier : Du coup, la première promo est sortie quand ?

Frédéric : Elle a commencé en octobre 2013 et elle est sortie, je dirais en juin 2014

Naier : Avez-vous des retours sur le taux d’embauche et sur comment ça se passe ?

Frédéric : Alors, oui bien sûr ! Comme la plupart de nos financements, que ce soient des subventions ou du mécénat, ou même de pôle emploi, dépendent du taux d’insertion, donc on a un suivi très précis.

On regarde ce que font les gens, quel est le type d’emploi ? Combien gagnent-ils ? Est-ce qu’ils gardent bien leur travail ? Est-ce qu’ils évoluent positivement ?

On fait ça avec des enquêtes à 3 mois, 6 mois, 12 mois et 24 mois après Simplon, donc on a un état très précis de nos anciens.

Donc, la première promo a eu un taux d’emploi et d’auto-emploi… puisqu’il y a pas mal de gens qui étaient entrepreneurs et autoentrepreneurs, donc elle a eu des taux qui sont à peu près ceux de Simplon depuis 5 ans : c’est de l’ordre de 75 %.

Naier : C’est excellent ! Les écoles d’ingénieurs n’atteignent pas que ces niveaux-là.

Frédéric : Peut-être que si. L’école 42 dit qu’elle est à 100 %, mais voilà, ce n’est pas facile d’avoir les statistiques.

Une croissance hyper rapide

Naier : Frédéric, où en êtes-vous aujourd’hui avec Simplon en quelques chiffres ?

Fédéric : Clairement, c’est un projet qui, ben voilà, qui était une bonne idée au départ, sans modèle économique et c’est vrai qu’on a pris une espèce de vague et d’hyper croissance continue depuis cinq ans.

En fait, on double tous les ans depuis le début à la fois en termes de nombre d’apprenants, de volume d’activités, de nombre de salariés, de nombre d’écoles.

Ça va encore plus vite pour le nombre d’écoles puisque d’une école à Montreuil et des quatre couillons dont je vous parlais, là on est donc 150 salariés, on a 50 écoles, le budget cette année de Simplon, il avoisine les 10 millions d’euros et on forme maintenant 1500 personnes par an.

Donc c’est complètement hallucinant quoi, c’est-à-dire qu’on n’a pas du tout vu venir cette… Les planètes étaient extrêmement bien alignées, elles le restent et c’est vrai que l’on a plus eu des problèmes de croissance que des problèmes de légitimité sur notre offre, parce que ce que l’on fait ça fonctionne bien, et donc en fait c’est plus sur la manière de gérer et sa multiplication qui pose souci.

Le système de gestion des écoles

Naier : Oui justement là-dessus : comment fais-tu ? Comment gères-tu les 50 écoles ? Ou, est-ce qu’ils sont plutôt indépendants et chacun fait à sa sauce ?

Frédéric : Un peu des deux, c’est-à-dire qu’on a inventé un système qui peut… Enfin, soit on est opérateur direct, c’est le cas de 40 % des 50 écoles : c’est des écoles Simplon, on paye des formateurs, c’est nos locaux, donc là, il y a une approche directe, donc ça, c’est assez classique.

Mais c’est vrai qu’on a été aussi étudié par des chercheurs là-dessus, quand on a été financée par la France s’engage. On a aussi inventé un système de franchise sociale un peu particulier où, en fait, les 60 % des autres écoles sont en partenariat avec des acteurs locaux, mais qui sont très différents : ça peut être une école de l’ingénieur, ça peut être un organisme de formation, une mission locale, c’est très divers.

Et eux, en partenariat avec nous en fait, on délivre une formation type Simplon avec la même gratuité, la même inclusion, la même méthode pédagogique, mais par contre l’école n’est pas obligée de s’appeler Simplon : elle peut moduler aussi un peu sa durée, elle peut changer quelques paramètres.

Donc, c’est à la fois une franchise, parce que c’est vraiment une école type Simplon et en même temps ce n’est pas une franchise, parce que la franchise, c’est MCDO, Starbucks, c’est du copié-collé normalement pour rien changer quoi. Donc c’est un truc un peu hybride.

Naier : Carte blanche on va dire.

Frédéric : Ouais ! Enfin, grise parce que souvent c’est du powered by Simplon ou c’est du Simplon Inside. Donc, c’est un modèle qui nous a permis de scaler assez rapidement, puisqu’on ne serait jamais arrivé à 50 écoles s’il avait fallu qu’on les opère toutes.

Ce système marche bien en France et à l’étranger. Là aussi, on ne s’y attendait pas du tout, mais à la fin de l’année, Simplon sera présent dans 12 pays. C’est incroyable !

Naier : Excellent ! Plutôt Europe où un peu partout ?

Frédéric : Un peu partout en fait. Ça a commencé en Europe, en Afrique bien sûr et au Maghreb parce que ce sont des pays francophones, mais on est aussi au Moyen-Orient, en Inde, en Thaïlande… On est en Jordanie au Liban… Et après, c’est effectivement le Maroc, l’Algérie, Côte d’Ivoire, Sénégal, Belgique…

Naier : Du coup, ce sont des équipes locales qui ont entendu parler de Simplon et qui vous appellent ?

Frédéric : Exactement ouais ! C’est toujours ça. Après, ça peut être un entrepreneur social, une école comme à Dakar par exemple, c’est l’entreprise Orange. C’est Orange qui a monté son Orange Academy et qui, elle, est powered by Simplon.

Naier : D’accord, super, c’est un modèle qui marche et qui s’étend rapidement quoi ?

Frédéric : Oui, clairement !

Les perspectives de croissance du groupe

Naier : Quelles sont les prochaines étapes clés de la croissance de Simplon ?

Frédéric : On va continuer l’essaimage géographique, on va continuer à augmenter le nombre d’écoles. Donc ça c’est quelque chose qui est déjà bien initié, mais je pense que là encore… Je pense qu’on va encore doubler cette année.

Ça veut dire peut-être passé à quasiment une centaine d’écoles dans les 12 prochains mois, donc ça c’est un premier enjeu. L’autre enjeu, c’est qu’on a beaucoup formé des gens sur le métier de développeur : tout type de langage et tout type de programmation.

Mais on s’est beaucoup diversifiée et maintenant on a des référentiels : on opère par exemple l’école sur les métiers de l’intelligence artificielle de Microsoft, on a aussi des tracks qui sont dédiés à la cybersécurité, à l’ioT, à la sécurité réseau, à la data, à la Blockchain, on va sortir un référentiel Blockchain en novembre…

Donc on a beaucoup diversifié les référentiels pour continuer à répondre aux besoins des entreprises et du marché.

Le cursus de formation

Naier : Et l’élève, il choisit son parcours où c’est plutôt un parcours standard ? Il touche un peu à tout ?

Frédéric : Alors, le candidat, il est obligé de postuler dans un lieu et sur une formation qui a un référentiel de formation donnée. C’est-à-dire que tu peux être candidat sur la promo JavaScript a Montreuil, où la promo Blockchain à Paris…

Après, il y a des fondamentaux en termes de culture technique de programmations, qu’elles sont un peu communes à tous les atouts les référentiels, mais tu choisis soit Java, soit PHP un soin Blockchain, soit data, soit IA, donc c’est à lui de choisir un lieu de formation puisqu’on fait du présentiel nous. On ne croit pas trop au Mooc.

Naier : Oui ! Donc, ce sont des formations très spécialisées quoi ! Quand on dit un développeur JavaScript, c’est vraiment un…

Frédéric : Oui, elle est vraiment…

Naier : Pour les besoins de l’entreprise.

Frédéric : Ouais, exactement ! Après ils sont tous formés à de l’algorithmique et aux bases de la programmation. Ils sont vraiment invités à pouvoir continuer à s’autoformer, à switcher d’un langage à un autre.

Comme la formation est quand même assez longue avec au minimum sept mois, les gens, ils ne font pas que JavaScript. Ils ont aussi regardé ce qu’il se passait dans d’autres langages et si ça se trouve, ils seront embauchés comme développeur JavaScript.

Assez rapidement ils seront obligés de faire autre chose et ça ne posera pas de problème. Ce n’est pas juste pile-poil pour les besoins d’une entreprise. Ce sont vraiment des développeurs juniors qui sont formés à exercer ce métier-là, pas indépendamment des technologies.

En tout cas, ils sont aussi capables de s’adapter. Il vaut mieux ainsi parce que le métier d’un développeur change tous les jours.

Naier : Et quand tu dis développeurs juniors, ce sont plutôt des jeunes en termes d’âge ou c’est varié ?

Frédéric : Non, c’est le niveau d’expérience. En 7 mois, on en fait des développeurs juniors, mais la moyenne d’âge à Simplon est de 29 ans.

Ça veut dire qu’il y en a presque 45 % qui ont moins de 25 ans et tout le reste qui ont 25, 35, voire 45. Donc ça, c’est assez sympa parce que ce ne sont pas que des jeunes. Il y a vraiment tous les types d’âges. D’ailleurs, il y a de plus en plus de seniors, des gens qui font une deuxième carrière, qui sont en reconversion.

Naier : D’accord !

Frédéric : Voilà ! C’est également intéressant de voir ça. C’est vrai que ça là aussi, ça diffère de l’école 42 où il y a une limite d’âge à 30 ans par exemple.

Le moment des temps forts

Naier : Excellent ! Frédéric, c’est le moment des temps forts. Quel a été le pire moment de ton parcours d’entrepreneur et comment tu as fait pour rebondir ?

Frédéric : Clairement, c’était mars 2016. On a la plus grosse crise de trésorerie qu’on n’ait jamais eu à Simplon. Elle était dédiée au fait qu’on pilotait mal notre trésorerie alors qu’on était en hyper croissance.

Là, on se retrouve à être à 90 salariés et à ne pas pouvoir payer les salaires le mois prochain. Ça, c’est le truc le plus horrible qui peut arriver à un entrepreneur. C’est non seulement manquer de fermer la boîte, mais surtout de ne plus pouvoir payer son équipe.

Là, j’ai réuni tout le monde et puis on a lancé un plan de bataille. Moi, j’ai arrêté de me payer et la plupart des managers l’ont fait.

Nous avons décalé les recrutements. On a demandé à nos clients de nous payer alors qu’ils payaient en retard. Nous avons fait un plan de bataille, qui, au bout de six mois, a permis de corriger ce problème de trésorerie en plus de remettre l’entreprise en situation de faire une levée de fonds.

Voilà un truc où l’on a failli mourir. On s’est retrouvé complètement relancé, mais c’est vrai que ça a été un sale moment. Ceux qui étaient là au moment où s’est arrivé en parlent encore avec des trémolos dans la voix. Ça a été hyper dur.

Naier : Ça a été difficile, mais vous avez su vous en sortir ?

Frédéric : C’est ça, c’est la résilience comme on dit. On s’en est sorti.

Naier : Ne jamais lâcher.

Frédéric : C’est ça !

Naier : Du coup, tu parlais de levée de fonds, il y a eu deux levées de fonds ?

Frédéric : Il y en a eu 2, donc il y en a une donc à une très tôt au début, parce qu’on manquait de fonds propres. Ce que je disais, on avait juste nos économies, moi, j’avais emprunté de l’argent mon frère, c’était un peu léger.

Et après, au moment de la crise de trésorerie, effectivement il a fallu renflouer les fonds propres de la boîte qui a été négatifs et aussi réinjecter de l’argent pour continuer le développement quoi. Donc il y a eu une deuxième levée et peut-être que ça pourrait ressembler à un scoop, mais disons que voilà, on est en train de préparer une troisième.

Naier : D’accord ! Bah si vous voulez atteindre les 100 écoles, il n’y a pas de magie.

Frédéric : C’est ça.

Naier : À contrario, quel a été ton plus beau moment ?

Frédéric : Bah chez Simplon, ce qui est compliqué c’est qu’il y en a plein tous les jours quoi ? C’est vrai que dès qu’on a un apprenant qui chope un CDI, un réfugié syrien, comme la semaine dernière, qui passe son titre professionnel et qui se retrouve diplômé et embauché chez Accenture …

Enfin, ce sont des trucs, c’est incroyable quoi, parce que c’est des gens, qui, sept mois avant, ils ne donnaient pas cher de leurs propres peaux et ils considéraient qu’ils n’y arriveraient jamais.

Donc il y a tous ces moments-là, mais après, bon clairement, quand on a fêté l’année dernière le millième Simplonien formé, et qu’un an après on forme et le 2000ème, voilà ça c’est des milestones qui sont super quoi.

Naier : Excellent ! Et du coup, qu’est-ce qui te pousse à te réveiller le matin ? Est-ce que c’est vraiment cette envie d’aider les gens ? Ou, est-ce que c’est une envie d’entrepreneur, d’agrandir ta boîte ? Ou, est-ce que c’est les deux en même temps ?

Frédéric : Ouais c’est un peu bizarre, parce que, ce que je disais au début, moi je ne me suis jamais rêvé entrepreneur, donc je n’ai pas du tout ça dans mon parcours, je n’ai pas fait d’école de commerce, je ne rêvais pas d’être entrepreneur.

Je suis devenu entrepreneur parce que j’avais envie de voir mes idées se réaliser, puisque j’avais envie d’avoir la main et de ne pas dépendre d’un patron, donc ça s’est fait un peu malgré moi.

Mais non, moi ce qui m’a toujours fait lever le matin, moi je suis quelqu’un qui est hyper engagé : je l’ai été toute ma vie et je le serai, je pense, jusqu’au bout. Et donc c’est l’impact social quoi, c’est le fait que ça fonctionne.

C’est le fait que : non ce n’est pas aider les gens, parce que pour le coup, je crois que c’est… Sauf quand il y a des urgences ou des catastrophes naturelles, ou de guerres, je pense que c’est assez rare en fait d’aider les gens. Souvent, on aide les gens à s’aider eux-mêmes.

C’est plutôt ça qu’il faut viser et donc ici les Simploniens, on n’est pas dans le misérabilisme hein. On ne leur donne pas l’aumône et on ne les chouchoute pas. On les challenge à fond et c’est vraiment des talents différents, des gens qui se révèlent à eux-mêmes, donc c’est de les voir se révéler à eux-mêmes et retrouver du pouvoir d’agir, et retrouver de la confiance et tout déchirer quoi.

Ça c’est vrai que ça c’est super au quotidien de les voir et après de montrer qu’une entreprise de l’économie sociale et solidaire qui donne gratuitement quelque chose qui a une énorme valeur et que lui coûte très cher peut passer à l’échelle et se développer, faire 10 millions, former 10 000 personnes, ça, c’est vrai que c’est un super motif de satisfaction aussi quoi, plus macro quoi, mais ça montre qu’il n’y a pas que l’État, les subventions, les trucs et…

Voilà et/ou le marché quoi, qu’il y a une troisième voie qui a un capitalisme à visage humain là, qui peut adresser des problèmes de société, puisque le chômage c’est un immense gâchis quoi. Donc ça, c’est cool ! Enfin, en tout cas, ce n’est pas ce qui manque les raisons de se lever le matin, ça ne va pas être un problème.

L’interview top 5

Naier : Excellent ! Frédéric, c’est le moment de l’interview top 5 : le livre que tu recommandes ?

Frédéric : Ce serait plusieurs types de livres. Moi, je lis beaucoup de bouquins : un peu de productivité, de comment mieux gérer sa vie, son temps, son sommeil, parce que ben un entrepreneur c’est un athlète de haut niveau, donc il faut bien économiser son temps, bien gérer, donc il y a ces livres-là.

Je n’en ai pas un en particulier, mais on sait que sur internet y en a beaucoup, donc ça… Il y en a qui ne sont pas du tout utiles, mais il y en a qui m’ont vraiment changé ma vie professionnelle, donc ça…

Naier : Tu en as un en tête ?

Frédéric : La GTD hein ! Tous les bouquins sur la productivité et le management de Tim Ferriss, ils sont vraiment… Voilà… Ou « La semaine de quatre heures », des choses comme ça, ça c’est vraiment bien, c’est un peu une tarte à la crème.

Après, non, moi ce que j’aime bien comme livres aussi c’est des livres sur l’entrepreneuriat social tel qu’il fonctionne dans d’autres pays, parce que c’est vrai qu’en France on a souvent un peu le syndrome du nombril et du coq gaulois. Et moi j’ai trouvé plein de choses très intéressantes à intégrer dans les modèles économiques des entrepreneurs sociaux en France que j’ai pu découvrir en Iran en Inde en Thaïlande…

Regarder des choses qui touchent à ta pratique professionnelle, mais dans un autre référentiel culturel, dans un autre pays. Ça, c’est assez intéressant…

Après, je lis aussi pas mal de biographies d’entrepreneurs ou de philanthropes, donc là aussi c’est une tarte à la crème, mais… Lire les bios d’Elon Musk ou de Bill Gates ou de gens comme ça c’est vrai que… Ou de Muhammad Yunus pour l’entrepreneuriat social.

C’est intéressant aussi de voir des chemins de vie et de voir qu’effectivement les gens sont humains, que l’échec est là tout le temps à l’orée du bois et que personne n’a toujours été que successful ou…

Ça n’existe pas des gens qui déchirent tout et qui n’ont jamais de problème.

Au contraire, et ça c’est peut-être l’autre conseil de bouquins, moi j’aime bien lire des bouquins sur des échecs et sur des gens qui expliquent comment ils ont échoué, comment ils se sont remis de leur échec, parce que je trouve que c’est beaucoup plus inspirant que de lire un bouquin sur quelqu’un qui dit qu’il n’a jamais fait d’erreurs de toute sa vie et que la chance lui sourit depuis toujours quoi.

Naier : L’entrepreneur que tu suis, dont tu es fan ?

Frédéric : Oh, il y en a plein, comme Simplon, c’est un projet avec un pied dans la tech et un pied dans le social, donc il y a des gens que je suis dans le social, donc des gens comme, je ne sais pas : Jean-Marc Borello du Groupe SOS, Thibaut Guilluy du Groupe Ares, ou les gens de La Ruche qui dit Oui ! …

Ça, c’est la partie sociale et après, en termes de tech, moi je suis très impressionné par ce qu’a fait Olivier Mathiot chez PriceMinister, ce que fait Fred Mazzella chez BlaBlaCar, qui d’autre… Et aussi Ludovic Le Moan chez Sigfox.

Voilà, c’est dans des thèmes différents, c’est des boîtes de la tech qui ont connu des croissances, mais aussi des rachats. Il y en a qui sont très technos et d’autres qui sont très dans les usages donc c’est hyper intéressant.

Naier : D’accord ! Ton outil en ligne préféré ?

Frédéric : Je vais être très basique, mais moi je fais tout sur la G Suite de Google. Ça gère mon inbox, mon agenda, ma liste de To do, mon Drive, enfin tout quoi. Je suis vendu à Google jusqu’au dernier degré et ça se passe bien. C’est vraiment l’un des bons outils quoi.

Naier : Excellent ! Ton premier conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer aujourd’hui dans l’entrepreneuriat.

Frédéric : C’est bête ça aussi de le dire comme ça, mais c’est se lancer. C’est à dire que… même si on n’a pas de modèle, même si on n’est pas sûr, même si on pense qu’on n’a pas les bons réseaux. Si on est convaincu de son produit et son service il faut aller au plus vite au carton, au plus vite à la réalité et avoir au plus vite les feedbacks d’utilisateurs quoi.

C’est vraiment… Je ne dis pas que si c’était à refaire, on ferait exactement pareil à Simplon, je ne dis pas que les business plans ça ne sert à rien, que les études marketing c’est du bullshit. Mais il y a un truc qui n’est pas du bullshit, ça, j’en suis certain, c’est le client, l’utilisateur… D’aller au contact quoi. Donc il faut aller au contact le plus vite possible pour échouer le plus vite possible et avoir des améliorations le plus vite possible.

Naier : Le meilleur investissement que tu as réalisé pour faire croître Simplon ? Ça pourrait être un investissement en termes de temps, de moyens humains de moyens financiers, un produit, un service ?

Frédéric : Voilà, je n’ai pas de souci, je n’ai pas besoin de réfléchir hein ! Ce qui a sauvé la vie de Simplon c’est d’avoir embauché quelqu’un qui s’occupait des RH, de l’administration et des finances et d’avoir trouvé un directeur général qui a une soixantaine d’années et qui est beaucoup plus expérimenté que moi et qui a fait grandir Simplon.

Moi, j’ai plein d’idées, j’ai plein de qualités. Mais, j’ai aussi plein de défauts et je ne suis pas du tout gestionnaire. Je m’en fiche un peu de l’argent, les RH, ce n’est pas mon truc, donc voilà.

Ce qu’à sauver Simplon c’est que ça devienne une vraie entreprise avec des vraies fonctions support. Donc là c’est… Aussi on se dit souvent : l’entrepreneur charismatique génial, visionnaire, machin, mais c’était une grosse connerie parce qu’en fait, une entreprise n’est qu’une entreprise qu’à partir du moment où elle est vraiment une entreprise et c’est… Donc, elle ne se limite pas à son entrepreneur quoi.

Naier : Frédéric, merci de nous avoir accordé cette interview. Est-ce que tu pourrais dire à nos auditeurs où est-ce qu’ils peuvent te suivre ?

Frédéric : Sur internet ce n’est pas compliqué, tapez mon nom, vous allez avoir plein de trucs qui sortent puisqu’en plus j’ai écrit des livres sur Anonymous et tout ça.

Je suis bien référencé on va dire, donc sur Twitter @fbardeau, sur Skype aussi et après, mon email et même mon numéro de mobile sont très faciles à trouver. Je prends souvent le temps de répondre à plein de sollicitations, j’ai même des plages dans mon agenda qui ne sont dédiées qu’à ça. Donc voilà, je pense que ce n’est pas difficile de me trouver.

Naier : Excellent ! Merci Frédéric, à bientôt !

Frédéric : Merci !

Naier Saidane

Naier Saidane

Blogueur, Podcasteur & Coach Entrepreneuriat

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