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Aujourd’hui je reçois Benjamin Wattinne, fondateur de Sowefund, une plateforme de financement participatif dans le domaine de l’innovation.
Benjamin partage avec nous son parcours atypique. De musicien à fondateur de startup dans le crowdfunding, il en a parcouru du chemin et ça n’a pas été facile tous les jours.
Dans cet épisode du podcast, vous allez découvrir :
- La première expérience de Benjamin dans le monde de la technologie et le web
- Le parcours de Benjamin en étant salarié
- Comment trouver sa place dans un marché saturé
- Prendre des risque pour exister
- Le temps joue un rôle important dans l’établissement d’un projet
- Avoir un business model efficace a permis à Sowefund d’arriver à sa place d’aujourd’hui
- Comment avoir une source de financement sûre après différents échecs
- L’importance des projets dans le développement de Sowefund
- Le Fundtruck : une des tratégies de Sowefund pour garantir sa croissance
Dans cet épisode vous allez découvrir
- 2:10 : Son tout premier business.
- 7:50 : Comment il a trouvé l’idée de Sowefund.
- 12:06 : Les risques pris par Benjamin au démarrage de sa startup.
- 13:51 : Comment le positionnement de Sowefund a évolué dans le temps.
- 15:22 : Pourquoi le premier investissement participatif a mis 18 mois à aboutir et comment Benjamin a tenu le coup.
- 18:19 : Quel est la première source de financement des entrepreneurs d’aujourd’hui.
- 20:02 : Les chiffres de Sowefund aujourd’hui.
- 21:08 : Le business model de Sowefund.
- 26:16 : Les conseils de Benjamin pour bien investir dans les startups.
- 28:51 : Le meilleur canal marketing qu’il utilise pour faire connaitre Sowefund.
- 31:00 : Comment Benjamin a su innover dans sa communication pour se faire connaitre (FundTruck).
- 34:05 : Le pire moment de son parcours d’entrepreneur et comment il a fait pour rebondir.
- 36:40 : Le plus beau moment dans son parcours.
- 37:12 : Les livres qu’il recommande.
- 37:52 : Les Entrepreneurs qu’il suit.
- 38:27 : Son outil en ligne préféré.
- 38:39 : Son 1er conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer aujourd’hui.
- 39:45 : Le meilleur investissement qu’il a réalisé pour faire croître Sowefund.
Ressources mentionnées
Les Livres qu’il recommande
- Les guerriers du silence de Pierre Bordage
- Le joueur d’échecs de Stefan Zweig
- Vingt-quatre heures de la vie d’une femme de Stefan Zweig
Son outil en ligne préféré
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La première expérience de Benjamin dans le monde de la technologie et le web
Naier : Benjamin, est-ce que tu es prêt à nous révéler l’entrepreneur qui est en toi ?
Benjamin : Bonjour, oui, bien sûr !
Naier : Excellent ! Aujourd’hui, j’accueille Benjamin Wattinne, fondateur de Sowefund, une plateforme de financement participatif dans le domaine de l’innovation. Benjamin, avant de parler de Sowefund, j’aimerais qu’on remonte le temps et que l’on s’intéresse un peu à ton parcours personnel. Est-ce que tu te rappelles du tout premier projet ou business que tu as fait ?
Benjamin : Alors, moi, j’ai commencé la vie d’entrepreneur par la musique. Donc, j’ai été musicien à l’âge de 16 ans et j’ai fait beaucoup de musique. J’ai monté un groupe de musique et j’ai été musicien pendant au moins 5 — 6 ans. Donc ça, c’est mon premier projet entrepreneurial parce que, finalement, j’ai dû monter un groupe. J’ai dû faire des concerts et j’ai essayé d’exister dans ce milieu artistique.
Ensuite, mon premier vrai projet de business et entrepreneurial, c’était à l’âge de 23 ans. J’ai créé ma première société avec un ancien collègue d’école qui était dans la distribution de terminaux mobiles. Ça s’appelait New Communication. C’est une société qui vendait un terminal mobile — aujourd’hui c’est un smartphone — mais à l’époque, c’était ce qu’on appelle un PDA communicant.
Il n’y avait pas internet de la même manière. On était à l’époque du edge, plus du tout de la 4 G maintenant. Et nous, on essayait de vendre cet outil à des grands comptes et ça a été une belle aventure. Ça s’est arrêté au bout de …
Mon associé et moi, on a eu des différents stratégiques. C’était une première belle aventure. La grande difficulté de ce secteur, c’est que le monde de la distribution est très difficile, très consommateur de cash. Il faut avoir beaucoup de trésoreries, puisqu’à l’époque — c’est d’ailleurs les prix des smartphones aujourd’hui — mais un PDA communicant, ça valait 1000 € — et nous, on a commencé cette boite, je me rappelle, on avait mis quelque chose comme 8 ou 10 000 € de capital — ce qui était énorme, ce qui était toutes nos économies à l’époque.
Mais on ne pouvait pas acheter beaucoup de PDA communicants. Et quand un de nos clients grands compte nous demandait une centaine de pièces, on se retrouvait avec de grandes problématiques de besoin en fonds de roulement, de trésorerie, de cash, de moyen d’investissement.
Donc, on était obligé de faire appel à des stratagèmes tels que l’affacturage, d’essayer de vendre, d’avoir un acompte, d’acheter les pièces — de les verser, d’essayer de récupérer le deuxième acompte — tout ça pour finalement essayer d’acheter les produits. Je gros problème de la distribution, ce sont les marges qui sont toutes petites.
Et à l’époque, les PDA communicants étaient en pleine concurrence avec des acteurs qui n’étaient pas si gros à l’époque. Mais qui commençaient déjà à grossir, qui s’appellent Cdiscount, Pixmania …
Pour le coup, ce qui a été intéressant, et ce que je retiens de fun de cette expérience, au,delà du fait que c’était une très belle expérience entrepreneuriale, c’est qu’on a réussi à faire bouger un peu le marché. On a des acteurs justement tels que Cdiscount et Pixmania qui nous appellent. Ils nous demandent : comment on fait pour présenter des prix pareils alors que l’on n’est personne, voilà.
Ça, c’était intéressant. Et dans la même lignée, donc cette même boite, on avait acheté. Donc ça, c’était mon associé qui avait été très smart. Il avait acheté le nom de domaine, puisqu’à l’époque, les grosses boites n’avaient pas forcément eu l’idée d’acheter tout leur nom de domaine.
Il avait acheté le nom de domaine d’une société hongkongaise. Une joint-venture hongkongaise et italienne qui avait lancé le premier ordinateur portable communicant dans lequel on pouvait mettre une carte SIM et avoir internet. C’était un ordinateur qui valait 2500 €, qui s’appelait le flybook. Et mon associé avait acheté : flybook.fr.
Donc, le siège nous a appelés en nous disant que c’était leur nom de marque, etc. Mais nous, on avait tout déposé. On leur a proposé deux choses : soit de leur revendre le nom de domaine, soit d’être leur distributeur officiel en France. Et ils ont accepté qu’on soit leur distributeur officiel en France.
On a distribué ce produit, on a eu une belle année et on avait plus de marge. Donc c’était plus intéressant. Mais on a vécu les mêmes problématiques à savoir que quand on devait acheter une pièce, c’était compliqué. On a même vécu nos premières invendues, escroqueries, où, finalement, on nous commandait une pièce.
Et, en fait, on ne nous payait jamais, et même l’acompte qu’on pouvait recevoir — enfin voilà — il y avait de petites formes d’escroqueries. Donc on a subi. Vous imaginez qu’en perdant une pièce à 1500 €, déjà, vos marges, elles sont plus que réduites quoi, voilà.
Le parcours de Benjamin en étant salarié
Naier : D’accord! Benjamin, il y a eu un moment où tu as repris tes études. Qu’est-ce-qui s’est passé?
Benjamin : Après cette première expérience, je suis reparti dans le monde des études. Je n’ai pas un profil d’étudiant modèle, parce que je suis très vite parti dans le monde de la musique juste après le bac — bac que j’ai eu en candidat libre.
Ensuite, j’ai passé une licence de marketing en candidat libre en un an. Donc, j’avais fait un deal, j’ai fait en 1 an 3 ans. J’avais fait un deal avec un directeur d’une école qui m’a fait confiance. Il m’a dit : « passe ton BTS, si t’as ton BTS et que tu valides évidemment ton année marketing, je te validerai l’année marketing ». Et j’ai passé mon BTS en candidat libre avec le CNED.
Ensuite, j’ai suivi l’année de cours en marketing. J’ai eu une licence en marketing à la fin de l’année puisque j’ai eu le BTS et la licence en marketing. Ce qui m’a permis de me dire : « tiens, si je peux faire en accéléré les études, je vais quand même essayer d’aller un peu plus loin ».
Et après, j’ai fait un master en entrepreneuriat, enfin en management de l’innovation à Advencia, qui s’appelle Novencia. C’était une grande école de la Chambre de Commerce de Paris. Elle est aujourd’hui en partie absorbée par la ESCP. Pour autre partie, c’est une marque qui n’existe plus puisqu’il y a une grande consultation en ce moment à la Chambre de Commerce de Paris.
Ce diplôme ne m’a pas permis de créer une autre boite. Mais le fait d’avoir ce diplôme — pour faire ce diplôme — puisque c’était un master — moi, j’ai choisi la voie de l’apprentissage. Ça me permettait de financer les études. Enfin, que mon patron puisse financer mes études et d’avoir un salaire. Puisque je n’étais quand même pas tout jeune quand j’ai repris mes études, j’avais 24, 25 ans ou 23, 24 ans, je ne sais plus.
Et pour le coup, ça m’a surtout permis d’entrer dans le monde professionnel. Mais pas en tant que jeune entrepreneur ou en tant que musicien, mais en tant que salarié, donc apprenti. Et là, j’ai intégré le monde des business angels, j’ai travaillé pour un réseau de business angels.
Donc, j’ai fait mon apprentissage comme ça pendant 2 ans. Ça m’a permis de commencer à créer mon réseau, de découvrir le monde de l’entrepreneuriat du côté, justement, des investisseurs.
Naier : Est-ce-que tu as été longtemps salarié?
Benjamin : Alors, après cette expérience d’apprentissage, moi j’ai été encore travaillé, pour le coup, pour une société américaine. En fait, concrètement, j’ai travaillé un peu pour ces business angels durant mon apprentissage. Ensuite, j’ai continué à travailler pour eux sur une mission entre 6 mois et 1 an plus en temps partiel, en CDD.
Ensuite, ça m’a permis d’être finalement identifié par un acteur américain pour pouvoir les représenter en France — c’est une société qui s’appelle Angel Soft, qui, maintenant, s’appelle Gust — qui est une société new-yorkaise. Elle m’a finalement offert l’opportunité de devenir le premier employé, en tout cas, responsable du marché français.
Donc, on a fait un test sur un an sur le marché français. Comme ça s’est très bien passé, après j’ai vraiment pris la direction du développement français, puis européen. Après, j’avais pris le développement — enfin, l’européen, c’était EMEA parce que pour les Américains, l’Europe c’est aussi : la Russie, l’Afrique du Nord…
Donc, c’était une expérience très intéressante et elle a duré 4 ans et demi. Elle m’a permis de beaucoup voyager, d’apprendre énormément parce que j’ai travaillé à l’américaine et, en même temps, avec des grands dirigeants européens.
Mon job était de nouer des partenariats stratégiques avec de grandes fédérations d’investisseurs professionnels, de grandes fédérations de business angels en Europe, des investisseurs individuels, des concours de business plan… Donc, j’ai fini par bien maîtriser l’écosystème entrepreneurial d’innovation et du financement en Europe.
Comment trouver sa place dans un marché saturé
Naier : D’accord! Benjamin, comment tu as eu l’idée de Sowefund et comment s’est passé le démarrage?
Benjamin : Eh bien, l’idée de Sowefund, on l’a eu avec mon associé Georges Viglietti justement à Moscou. Dans le cadre d’un congrès qui était organisé. Il faut savoir que Georges Viglietti était l’un de mes clients justement quand je travaillais pour Gust.
Et dans ce cadre-là, on s’est rendu compte qu’il y avait déjà les débuts du financement participatif — et il y a eu quelques plateformes qui existaient. Il y avait une plateforme hollandaise qui s’était créée, une plateforme française qui existait, la plus ancienne qui est wiseed, qui était à ses débuts — il y avait une plateforme allemande…
Et on s’est rendu compte qu’il y avait une émergence du financement participatif qui était en train de se faire. Mais, par contre, qu’il y avait une réelle opposition et un réel scepticisme des acteurs traditionnels du financement vis-à-vis de ces nouveaux entrants.
En fait, les réseaux de business angels, les fonds d’investissement ne voyaient pas d’un très bon œil, l’arrivée de ces nouveaux acteurs de plateformes. Celles qui ne connaissent finalement pas grands choses à l’investissement dans les startups, private equity.
Ils ne croyaient pas du tout au modèle des plateformes de crowdfunding. Donc, nous, on a vu une vraie opportunité avec mon associé en se disant : « ben tiens, et si on montait dont le but serait de créer ce lien entre les acteurs traditionnels du financement et le grand public ». Créer ce lien, ça veut dire essayer de co-investir ensemble.
Et donc, on a lancé Sowefund comme la première plateforme de co-investissement. Cela en permettant à tout un chacun d’investir dans les mêmes conditions que nos partenaires professionnels, business angels, groupement d’entrepreneurs, fonds d’investissement. Ça, c’était vraiment notre modèle de base.
Donc, on a décidé de créer ça. La société a été lancée juridiquement, structurellement en fin 2013. Et on a lancé notre première plateforme Alpha en mai 2014. On a fait une petite levée de fond avec notre love money — et on a travaillé dur pour obtenir l’agrément de conseiller en investissement participatif — parce qu’il faut savoir que notre métier, c’est d’identifier et sélectionner les meilleurs startups.
De les présenter à notre communauté d’investisseurs — et pour faire ce métier — pour pouvoir les présenter au grand public, c’est à dire de faire de l’offre publique d’audit financier — donc, là, c’est un peu notre activité — mais, pour le coup, mettre en ligne des projets en face du grand public. Et bien, il faut un agrément.
C’est très réglementé. Il faut un agrément qui est délivré par l’autorité des marchés financiers. Et cet agrément — celui de conseiller en investissement participatif n’existait pas quand on a lancé Sowefund — et bien, on a été la première plateforme avec deux autres acteurs à obtenir cet agrément le 1er octobre 2014.
Donc, c’est une date importante pour nous et ce qui nous a permis d’exercer en toute légalité, voilà. Alors, ça a été le lancement. Mais, finalement, notre premier vrai deal — notre premier vrai financement — on parle bien de la communauté — eh bien, ce n’était qu’en mai 2015.
Vous voyez, il s’est passé pas mal de temps — il s’est passé environ 2 ans avant de pouvoir vraiment commencer l’activité sérieusement — enfin, 1 an et demi avant de pouvoir commencer l’activité sérieusement publiquement en fait.
Prendre des risque pour exister
Naier : D’accord! Puis, vous avez eu un autre agrément. Comment ça s’est passé?
Benjamin : En fait en avril, on avait obtenu un autre agrément. C’était le seul agrément qui existait dans ce secteur pour quand même être un peu dans les clous — qui était celui de conseiller en investissements financiers — qui est finalement l’agrément qu’ont les conseillers en gestion de patrimoine,.
Certains intermédiaires financiers pour se baquer en disant bah, nous, on a pris le seul agrément qui existe et on lance notre activité. Elle est comme ça. Mais on savait qu’il y avait quand même une vraie appétence, un vrai mouvement qui est en train de se créer autour du financement participatif. Et que les pouvoirs publics étaient très attentifs.
Donc, on espérait bien qu’il y a un nouvel agrément qui existe et qui nous permet d’exercer en toute légalité, voilà. Du coup, on a pris quand même des risques voilà, le risque que ça n’existe pas oui. On a été les tout premiers à obtenir l’agrément.
Après, nous on n’est pas la plus ancienne plateforme du tout. C’est d’ailleurs une des grandes difficultés que l’on a rencontrées. C’est qu’on s’est mis sur un marché où il y avait quand même quelques acteurs qui existaient et qui exerçaient en toute illégalité. Mais, en fait, ce n’était pas de l’illégalité. C’était ce qu’on appelle un flou juridique.
Donc tant que le législateur n’avait pas statué sur cette problématique — et c’est toutes les questions de l’innovation — il y a beaucoup d’opportunités dans des flous juridiques. Tant qu’il n’avait pas statué, bah ce n’était pas vraiment légal. Mais ce n’était pas non plus interdit de le faire.
Naier : Ok! Excellent! Il y a une garantie qu’un business angels a étudié le dossier ?
Benjamin : Ça, c’était notre modèle initial. En effet, on travaillait beaucoup avec les réseaux de business angels pour plein de raisons. La première raison, c’est qu’on n’avait aucune existence, aucune reconnaissance et crédibilité sur le marché autre que… bah, on est issu du monde du capital risque mon associé et moi — ce qui est déjà pas mal. Donc on a une certaine crédibilité pour sélectionner les dossiers. Mais personne ne nous connaît.
Notre plateforme est jeune. Il n’y a pas énormément d’investisseurs dessus. Donc on s’est dit : pour rassurer ces nouveaux investisseurs, ces primo-investisseurs, il faut qu’on s’appuie sur l’expertise, la due diligence, l’instruction des dossiers, l’analyse qui sera faite par des réseaux de business angels.
Mais aujourd’hui, et depuis quelque temps, Sowefund s’est beaucoup développée. Et aujourd’hui, de toutes les manières, on a une obligation, nous, de réaliser cette instruction et cette analyse très poussée. L’avantage était double.
C’est-à-dire qu’on avait une instruction réalisée par Sowefund des équipes d’analystes et l’instruction réalisée par les réseaux de business angels. Maintenant on envoie beaucoup de projets à nos partenaires business angels ou même fonds d’investissement. On a fait la diligence, on les accompagne et on les invite à investir avec nous.
Le temps joue un rôle important dans l’établissement d’un projet
Naier : D’accord! Benjamin, pourquoi avoir mis 18 mois avant de lancer le premier investissement participatif?
Benjamin : Parce qu’un projet, ça ne se fait pas si facilement. Nous, on est dans un secteur d’activité : un, assez capitalistique qui demande du temps — qui attend une communauté — et du jour au lendemain — enfin, la petite anecdote c’est quand vous lancez un site et ça il faut vraiment le savoir, et comme moi, c’était la première fois que je lançais un site — quand vous lancez un site, en fait, personne ne vous connaît.
Ce n’est pas parce que vous lancez un site et que vous êtes sur la toile qu’il va y avoir tout d’un coup, le lendemain voir : ah, ça y est, des centaines, des milliers de personnes viennent sur votre site internet. En fait, personne ne le connaît.
Non seulement, personne ne le connaît physiquement et n’en a jamais entendu parler, mais, en plus, Google ne vous a absolument pas encore référencé. Donc, en fait, il n’y a aucune raison que vous puissiez exercer pleinement votre activité et que ça cartonne dès le début. Il faut créer toute une image de marque, un positionnement, du référencement. Et tout ça, eh bien, ça prend du temps.
Et c’est pour ça que nous, comme on le savait quand même un petit peu que ça ne se faisait pas en claquant des doigts, on avait lancé cette alpha. C’était : on ouvre notre produit à nos amis, à notre famille, à notre communauté d’anciens patrons, à quelques professionnels et à quelques futurs partenaires qui étaient des fonds d’investissement, pour leur montrer un petit peu comment on allait travailler — comment ça allait se passer — et même à voir leurs retours d’expérience. Et ça, c’était très important pour nous.
Parallèlement, on a dû travailler sur cet agrément. Donc il y avait vraiment toute la partie produit, la partie agrément, il y a aussi la partie commerciale. Il fallait nouer des partenariats pour que ces réseaux de business angels nous envoient des dossiers — parce qu’il faut les convaincre de nous envoyer des dossiers et essayer de leur expliquer qu’on va réussir à lever des fonds pour les dossiers qu’ils nous envoient — et ce n’était pas gagné d’avance.
Mais ça s’est fait. Tout se fait si on le fait bien avec le temps sans être trop, c’est ambitieux. Mais si on se concentre bien et qu’on prend le temps, on finit par y arriver. Et donc on savait qu’il fallait intéresser un certain nombre d’acteurs, intéresser notre communauté. Et on attendait ces retours avant de lancer la bêta.
On a lancé la bêta au 1er octobre 2014, parce qu’au 1er octobre 2014, on avait le droit de le faire publiquement — c’est-à-dire qu’on avait le droit de communiquer dessus — on était enfin autorisée — on avait notre agrément. Ça nous a fait finalement beaucoup de pub aussi. Le fait d’être le premier acteur à obtenir un agrément avec les deux autres acteurs qui étaient, eux, un peu plus connus, nous, on était l’acteur identifié comme ayant eu un agrément.
Alors personne ne nous connaissait et qu’on n’existait pas — donc les bons élèves — et, finalement, quand toute la presse s’est emparée du sujet. En expliquant que ça y est il y a un agrément qui existe pour les plateformes de financement participatif. On était dans les trois plateformes qui faisait du crowdfunding equity, qui étaient présentées par les médias.
Donc on rattrapait un peu — on ne rattrapait pas notre retard parce qu’on était quand même encore un peu loin — mais disons qu’on existait enfin. Et là, on a commencé à voir nos premiers investisseurs qui se connectaient, qui s’inscrivaient sérieusement, qui n’étaient pas nos amis et notre famille, voilà.
Naier : Excellent! Comment on tient 18 mois Benjamin, financièrement et psychologiquement?
Benjamin : Alors, aujourd’hui, moi j’explique toujours, enfin souvent aux entrepreneurs, qu’en se lançant, un des grands business angels c’est pôle emploi. Vous avez la possibilité de créer votre projet, d’entreprendre tout en touchant vos allocations.
Moi, en l’occurrence, je n’ai pas eu cette chance. Mon aventure chez Gust, quand j’y ai travaillé 4 ans et demi avec ces Américains, était une aventure finalement intrapreneuriale. Puisque j’ai dû créer une société pour le compte de mes partenaires.
J’étais plutôt comme un représentant de la société américaine en France et en Europe. Et le fait d’avoir créé cette société, j’avais pas mal d’employés, j’avais pas mal d’enjeux sociaux également à gérer. Ça m’a donné un statut de dirigeant et le dirigeant malheureusement n’a pas le droit aux allocations chômage.
Maintenant, j’avais une activité qui m’a permis de mettre de côté. C’est d’ailleurs l’époque où j’ai mieux gagné ma vie. Je n’ai toujours pas récupéré mon statut, mon salaire et même ma rémunération de l’époque. Mais, pour le coup, ça m’a permis de mettre de côté à l’époque et de tenir un an sans avoir besoin de me rémunérer — même 18 mois sans avoir besoin de me rémunérer.
Je ne vous dis pas que je ne mangeais pas souvent des pâtes ou quoi ce soit. Mais ça m’a permis de tenir. Maintenant, la recommandation c’est comment on fait ?
Il faut absolument — enfin je sais que c’est pas mal d’exception là-dessus puisque j’avais déjà une activité avant — mais si vous vous lancez, que vous soyez jeunes ou moins jeunes, il faut vous lancer en saisissant l’opportunité de pôle emploi — parce que ça vous assure avant vos premiers clients, vos premiers revenus — bah d’avoir vous, de quoi manger.
Avoir un business model efficace a permis à Sowefund d’arriver à sa place d’aujourd’hui
Naier : Benjamin, où en êtes-vous aujourd’hui avec Sowefund en termes de chiffres ?
Benjamin : Alors, nous, aujourd’hui, Sowefund, c’est une des premières plateformes d’investissement participatives en France. Notre ambition c’est de devenir, en fin de cette année ou dès l’année prochaine, le leader du financement de l’innovation en termes de plateforme d’investissement participative. Parce que nous on ne fait que du financement de l’innovation. On ne fait pas de la promotion immobilière ou d’autres activités.
En quelques chiffres, Sowefund, c’est aujourd’hui, près de 20 millions d’euros financés sur un peu plus de 35 sociétés. On double le montant investi chaque année depuis le début de notre activité à peu près. Et surtout, on est une dizaine de collaborateurs. Donc on a grandi depuis puisqu’on a démarré 3 et que maintenant on est 10.
Là, les next challenges, c’est finalement de prendre cette place de leader, de toujours augmenter en termes de volumes, de sociétés financées en fait — d’augmenter le nombre de sociétés financées — et pour ça, ça veut dire qu’il va falloir identifier toujours plus de sociétés, toujours plus les analyser — et surtout aller les chercher parce qu’on veut vraiment financer le meilleur — et de l’autre côté, eh bien faire l’acquisition et toujours promouvoir notre plateforme pour avoir toujours plus d’investisseurs.
Naier : D’accord! Quel est le business model de Sowefund?
Benjamin : Nous, notre modèle économique, il est principalement basé au succès. C’est ce qui plaît à notre communauté d’investisseurs — on se rémunère de deux manières — on se rémunère des deux côtés. Et c’est d’ailleurs un des statuts très particuliers de mon métier. C’est que j’ai d’un côté un client qui est l’entrepreneur pendant un certain temps, et puis après hop, notre client principal c’est l’investisseur. Pourquoi ?
Donc on pourrait dire qu’il y a presque conflits d’intérêts — et c’est tout statut un peu bâtard, pardonnez-moi l’expression, du statut concernant l’investissement participatif. L’idée, c’est que moi, mon job, c’est que je suis un leveur de fond moi pour une société.
Concrètement une société vient nous voir. On va la chercher pour l’accompagner dans sa recherche de financement. Pour l’accompagner dans sa recherche de financement, il y a tout un processus chez nous. On va analyser son dossier sous un certain nombre de critères d’éligibilité. Ensuite, on va se mettre d’accord autour des conditions d’intervention.
Et dans le cadre de ces conditions d’intervention, nous, on va avoir une rémunération basée au succès sur sa levée, sur le montant qu’elle va lever. Donc elle va nous donner un petit fixe qui sont des frais de mises en ligne, aujourd’hui qui sont entre 3 et 5000 € — ensuite, on va le mettre en ligne. Et en fonction des montants levés on va récupérer une commission — cette commission, elle est entre 5 et 8 % des montants levés.
Donc ça, c’est notre rémunération près de l’entreprise. De l’autre côté, concrètement c’est l’activité qui fait vivre, ou en tout cas, qui crée le chiffre d’affaires actuel de Sowefund, pour faire en sorte qu’il y ait des équipes qui puissent tourner.
Et de l’autre côté, on a un modèle auprès des investisseurs. Il est la base au succès. C’est concret et systématiquement un véhicule d’investissement pour regrouper les petits porteurs. Et on leur fait juste payer des frais de paiement qui sont de 1,5 %. Mais par contre, on est rémunéré à leur succès s’ils y arrivent.
Comme un fonds d’investissement le fait dans la société de gestion, si demain, vous investissez 100 € dans l’une des startups de Sowefund, je vais vous demander 1,5 € de frais de paiement. Par contre, je vous prendrai 19,5 % des plus-values que vous allez réaliser — mais que des plus-values — donc si vous faites des moins-values, bah, je ne gagne rien — et si vous faites des plus-values, je gagne. Ça, c’est le modèle dans 70 % des cas.
C’est ce qui se passe. Après, on a un autre modèle pour les investisseurs. Il y a des investisseurs très fortunés qui refusent de passer par ce modèle,là. Ils investissent directement l’entreprise des montants très significatifs.
Ceux-là, nous, on leur prend à l’entrée des frais de sourcing. C’est-à-dire qu’ils payent leur 1,5 % de frais de paiement s’ils passent par la plateforme. Et quoi qu’il arrive, ils payeront leurs frais de sourcing — c’est grâce à nous qu’ils ont trouvé le deal — ce sont les 3,5 %. Donc ça, c’est nous notre modèle économique.
Il est totalement transparent, il est sur la plateforme. C’est pour ça que je peux vous le dire sans souci, et c’est aussi, quelque chose d’important. On est là pour dépoussiérer un peu le mythe du venture capital et apporter un peu de transparence à l’investissement aussi.
Comment avoir une source de financement sûre après différents échecs
Naier : Comment est-ce-que vous avez faits pour les investissements?
Benjamin : Alors nous, aujourd’hui, je vous le disais, mon premier investissement c’était en mai 2015. Ça va faire un petit peu plus de trois ans qu’on est en activité — on a 35 boites. Sur ces 35 boites, on a eu quelques… Alors il faut savoir que dans mon monde, et on va en parler un petit peu, mais les premières sorties sont souvent les sorties négatives. On dit souvent que les sociétés, il faut qu’elles passent le cap des 3 ans, le cap des 5 ans pour y arriver. C’est exactement pareil chez nous.
Et nous, on évolue dans le monde du capital risque. C’est-à-dire que nos investissements sont les investissements les plus risqués. Nonobstant, on a 3, 4 sociétés qui sont liquidées ou en cours de liquidation. Sur les 35, il y en a peut-être une qui va sortir. On n’a pas de sorties positives officielles aujourd’hui. Par contre on a beaucoup de tours de refinancement à des valorisations bien supérieures à la valorisation initiale.
Je ne peux pas donner de noms actuellement puisqu’elles ne sont pas sorties et que ce n’est pas public — c’est un peu d’ailleurs la difficulté dans notre métier — en plus, dans le crowdfunding en particulier. Quand quelque chose ne va pas, ça finit peut-être par se savoir parce que les gens ne sont pas contents — mais quand tout va bien, tant que ce n’est pas grand public, on ne peut pas communiquer dessus.
Ça c’est un peu difficile. Mais pour le coup, oui on a des très belles pépites. On a des sociétés qui ont fait des valorisations supérieures à 10 fois dans le cadre de leur nouveau tour du financement. Nous avons des sociétés qui sont venues nous voir et qui faisaient 50 000 € de chiffres d’affaires. Et qui, aujourd’hui, font plus de 2 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Donc, vous voyez qu’il y a vraiment des sociétés qui se porte bien et des sociétés qui se portent, j’ai envie de manière assez normale, qui suivent relativement bien leur business plan et c’est rare.
Puis, on a des sociétés qui sont un peu plus, ce qu’on dirait nous à la traîne. Pour l’instant, on n’a pas trop à rougir de notre portefeuille. C’est une période particulière cette année. Ça va être la période où justement, on va vivre, je pense, nos premières vraies sorties négatives — c’est-à-dire qu’il y a 3, 4, mais en fait, elles ne sont pas encore actées — mais ça va se passer là — et ça ne fait jamais plaisir.
Mais, on va aussi peut-être connaître nos premières sorties positives, voilà. Donc, on a hâte de voir un petit peu comment va se développer notre portefeuille. En attendant, elles sont toutes presque tout encore là et on verra comment ça se passe.
Naier : D’accord! Benjami, est-ce-que tu peux donner quelques Conseils à des investisseurs et aux personnes qui veulent investir dans les startups?
Benjamin : Oui, bien sur! La première chose, je leur conseille de diversifier leur portefeuille. Pour vous donner un exemple, surtout chez nous, notre capital risque : sur 10 sociétés investies, 3, 4, 5 sociétés vont mourir. Et vraiment mourir en liquidation — vous ne récupérez pas du tout votre argent. 2 — 3 sociétés vont potentiellement bien se porter.
Mais vous ne savez pas quand est-ce que vous allez pouvoir en sortir. Parce que pour sortir d’une société en private equity, il faut qu’il y ait une cession. Donc ce n’est pas si simple. Ce n’est pas liquide notre secteur d’activité. Et les 2 dernières entreprises sont censées nous rapporter et faire la culbute sur l’ensemble de votre portefeuille.
Vous voyez, c’est très risqué. Donc, si vous ne misez que sur 2, 3 entreprises, vous avez quand même plus de chances statistiquement de vous retrouver dans des sociétés qui sont les 3, 4, 5 sociétés qui se cassent la figure. Et donc, il vaut vraiment mieux diviser son risque. Ça, c’est la stratégie des sociétés de capital-risque d’aujourd’hui qui essayent de miser sur des sociétés qui vont avoir de très forts potentiels de croissance. Donc c’est encore plus risqué.
Nous, on pourrait limiter un peu ce risque — et parce que c’est dans l’ADN de communauté d’investisseurs et de notre équipe — c’est qu’on essaye d’accompagner des sociétés qui n’ont pas forcément pour ambition de faire 100 fois, 50 fois 20 fois — qui ont l’ambition de bien se développer comme la majorité des sociétés d’ailleurs.
Aujourd’hui, on a très peu de licornes en France en vrai — mais qui ont l’objectif de pouvoir ressortir des taux de rentabilité autour de 2 fois — 3 fois, c’est à dire, un taux de rentabilité de 10, 15, 20 % par an. Et l’idée, c’est d’accompagner ces boites-là — et encore plus, celles qui ont un impact soit sociétal, soit environnemental — enfin, un impact avec une vraie mission presque d’intérêt général.
Mais finalement, on voit que notre communauté, elle a envie d’investir dans des projets qui ont du sens, voilà. Donc, ma recommandation, pour répondre à votre question ce serait déjà d’investir de l’argent que vous êtes prêt à perdre. Vous pouvez vraiment tout perdre — de diversifier votre portefeuille — de faire attention au risque de l’investissement.
Vous pouvez tout perdre. Il peut y avoir un risque de liquidité. Un risque de ne jamais récupérer votre investissement alors que votre investissement ne se porte pas plus mal. Et donc ça c’est embêtant. Il se peut aussi que partiellement votre investissement, c’est-à-dire que vous pouvez acheter des actions dans une société qui a été survalorisée, la revendre 3 ou 4 ans plus tard — en fait la société a été revendue 20 % moins cher.
Ça c’est vraiment le risque. Donc il faut diversifier son portefeuille. Et puis, mon dernier conseil, c’est d’investir dans des sociétés qui ont du sens pour vous — dont vous avez un coup de cœur — que vous avez envie de soutenir. Aujourd’hui, c’est ça l’investissement dans les startups. L’investissement participatif dans les projets et produits dans lesquels vous croyez.
L’importance des projets dans le développement de Sowefund
Naier : D’accord ! Quel est le principal canal marketing que vous utilisez pour faire croître Sowefund ?
Benjamin : Le meilleur canal marketing finalement ce sont les projets. Sowefund, c’est bien, c’est une plateforme d’investissement. Mais aujourd’hui c’est la qualité de nos projets qui fait venir des investisseurs. Il y a beaucoup d’investisseurs qui investissent sur plusieurs plateformes aujourd’hui en France. Ils investissent dans plusieurs sociétés d’investissement, fonds d’investissement, produits d’épargne et autres.
Finalement, on se rend compte qu’évidemment, on fait un maximum de bruit, de positionnement et de marketing pour nous, Sowefund, d’exister. Mais ce sont généralement les entreprises que nous présentons à notre communauté et que nous présentons grand public qui font la reconnaissance de la plateforme.
Donc, plus les dossiers sont de qualités, plus les investisseurs sont là. Aujourd’hui le vrai secret c’est que quand il y a des bons dossiers, les investisseurs ils sont là. Donc, finalement il faut se concentrer sur la qualité des startups. Il faut savoir que Google, ce n’est pas un très bon canal d’acquisition pour nous aujourd’hui. Le monde de l’investissement, on est face aux banques — on est face à beaucoup produit de défiscalisation — donc les mots clés sont très chers.
Et nous, notre taux de marge, le taux de rentabilité pour un investisseur chez nous est très faible. Parce qu’on peut autant avoir quelqu’un qui va se mettre à investir 10 000 € demain que quelqu’un qui va investir 100 € — puisque notre objectif étant de démocratiser l’investissement dans les startups.
Vous imaginez bien que si je paye un clic à 10, 20, 30 euros et que j’ai quelqu’un qui met 100, 200, même s’il les investit et que je vais réussir à reprendre quelques euros derrière à l’entrepreneur, il n’est pas du tout rentable pour moi. Donc, un de nos plus gros canaux d’acquisition aujourd’hui, c’est la presse, ce sont les médias. Mais c’est aussi l’événementiel qu’on réalise.
Donc, nous, on n’organise pas mal d’événements. Et notamment un événement qui est assez connu et qui s’appelle le Fundtruck — qui est un concours à destination des startups — qui est reconnue dans notre écosystème. Il nous amène toujours plus d’investisseurs comme de startups.
Le Fundtruck : une des tratégies de Sowefund pour garantir sa croissance
Naier : Ok! Exceellent! Benjamin, est-ce-que tu pourrai nous parler un peu du Fundtruck?
Benjamin : Il y a véritablement un truck figurez-vous. C’est un grand concours à destination des startups en charge de financement. L’idée c’est qu’on effectue un grand appel à projets national. Et en fait, on le régionalise. Puisque c’est vraiment la Miss France de la startup qui cherche des fonds, un peu vulgarisé pour le coup. Mais vous allez voir c’est très sérieux.
C’est parti d’un jeu de mots cette idée. Voilà, l’histoire du Fundtruck, c’est, avec, mes associés, on est tout le temps sollicité pour participer à des dates, des concours de pitchs, des concours de startups. Et on s’est dit : « bon, eh bien, il faut qu’on organise notre concours de pitch, notre concours de startup.
On va appeler nos amis fonds d’investissement pour savoir s’ils sont prêts à venir ». Et ils nous ont tous dit grosso modo : « non merci, si c’est pour me faire un concours de pitch dans vos locaux, machin, ça ne nous intéresse pas ». Donc on s’est dit : « mince, il faut innover, il faut disrupter ces concours de pitch, il faut faire quelque chose qui n’existe vraiment nulle part ailleurs ». Et puis, c’est parti d’un brainstorming avec l’un de mes associés et partir du jeu de mots Fundtruck.
Nous voulions aussi faire un concours dans les taxis, pitch in the cave. On a eu plein d’idées qui étaient bonnes, d’autres moins bonnes. Mais le Fundtruck nous a vraiment plu et m’a vraiment plu. Pour le coup, on a finalement décidé de mettre des entrepreneurs dans un camion qui vont pitcher devant des investisseurs, de la presse, des grands comptes, des acteurs de l’écosystème.
Et ce qui était intéressant, c’est qu’on pourrait dire : « bah tiens, mettre des entrepreneurs dans un camion, ce n’est peut-être pas une image super positive pour les entrepreneurs », pas du tout. On met des entrepreneurs dans un camion. Mais les investisseurs doivent venir à eux dans la rue se les cailler, dans un écosystème totalement différent. C’est ce qui a plu.
Ce qui s’est passé, c’est qu’on a fait les choses très sérieusement puisqu’ils pitchent depuis un camion. Mais dans les principaux lieux de Paris — donc on a été Place de la Madeleine, Place de la République, Place de la Bastille quand on a commencé notre première édition à Paris.
On a aussi été invité pour faire un pitch dans la cour du Ministère des Finances. Donc ça a été bien vu, ça a bien pris. Puis, ensuite on a développé ce concours — comme ça a bien fonctionné, on l’a développé en région. Et là, cette année, on est à la quatrième édition du Fundtruck.
Le Fundtruck, c’est 6 régions partenaires, c’est 130 partenaires investisseurs — enfin, plus de 130 partenaires investisseurs — et, après une cinquantaine de partenaires de l’écosystème — des grands comptes — et on est justement financé par des grands comptes comme la poste, ENGIE …
En fait, l’idée, c’est que dans chaque région — donc après c’est grand appel à projets — on en sélectionne 4 par nos analystes, 1 par le grand public — c’est 5 pitchs sur trois étapes dans la journée — donc devant tout l’écosystème régional — une trentaine d’acteurs dans la journée, donc c’est un vrai accélérateur — c’est très apprécié des startups aujourd’hui. Les critères de sélection, c’est en recherche entre 100 000 et 5 000 000 €.
Donc j’ai beaucoup de startups qui ont beaucoup d’argent aussi, qui participent à ce concours. Et le grand gagnant de la région gagne sa place, son pass pour participer à la grande finale. Et la grande finale, cette année, c’est le 15 novembre au Ministère des Finances. Il y aura une petite quarantaine de fonds d’investissement, 6 startups en compétition de 6 régions différentes.
Les moments des temps forts
Naier : Benjamin, c’est le moment des temps forts. Quel a été le pire moment de ton parcours d’entrepreneur et comment tu as fait pour rebondir ?
Benjamin : Je n’ai pas de pire moment. J’ai vécu pas mal de moments très difficiles. Puisque quand vous en avez marre et que vous êtes au bout du rouleau, vous avez envie de tout jeter. De tout arrêter et de repartir peut-être dans un rythme ou dans une carrière professionnelle un peu plus tranquille et surtout stable.
Donc, franchement, les pires moments, je n’ai pas de pires moments comme ça. Tout ce que je sais, c’est que je les ai eus dans toutes mes expériences professionnelles entrepreneuriales. Que ce soit dans la musique où j’ai failli splitter avec l’ensemble de mon groupe.
Que ce soit dans ma première entreprise où je me suis quand même séparé de mon associé. Donc ce n’était quand même pas très agréable. Et je suis reparti — que ce soit dans mes études où je n’ai jamais apprécié faire des études et je me suis retrouvé à vouloir les quitter assez souvent.
Et aujourd’hui, dans Sowefund où ça fait quand même bientôt cinq ans qu’on y travaille, il y a toujours des hauts et des bas. Puisqu’il y a de grands challenges à relever. Mais c’est aussi ça qui est beau. Il y a toujours des raisons en fait.
Mais je pense qu’aujourd’hui ce n’est certainement pas des soucis — enfin, il y a toujours des soucis financiers — on a un modèle économique qui est difficile, qui est très capitalistique. Où pour vraiment atteindre la rentabilité, il a fallu du temps.
Il faudra encore du temps puisqu’on fait des nouveaux investissements. Et que plus vous investissez, plus le point mort s’éloigne. Donc oui, on a vécu des moments plus ou moins difficiles. Quand vous avez, à 3 mois, plus de tréso et plus le cash, il faut trouver des financements.
Maintenant, on avait un plan avec mon associé qu’on a quand même pas mal tenu. Et on savait qu’on allait avoir besoin de relever des sous à certaines périodes. Ça a été très difficile. De temps en temps, on s’est dit que c’était juste. Mais on a toujours réalisé nos objectifs.
Sowefund est principalement financé par sa communauté en effet. Donc, nous, on a déjà réalisé deux augmentations officielles de capital, enfin deux augmentations de capital. Et elles ont été faites par notre love money et par notre communauté d’investisseurs.
On n’a aucun industriel institutionnel ou fonds d’investissement à notre capital, on est totalement indépendant. Et ça, c’est aussi l’une des forces de Sowefund. Elle est soutenue par sa communauté et aujourd’hui, personne ne peut vraiment nous dire quoi faire. On est totalement libre.
Naier : Super ! À contrario, quel a été le plus beau moment ?
Benjamin : Je pense, mon plus beau moment c’est — alors — moi je n’arrive pas à vous sortir tous mes moments dans les extrêmes — un de mes plus beaux moments, c’était quand on a réussi à signer un beau premier co-investissement avec un acteur du financement — qu’on arrive à obtenir une reconnaissance — un bel article dans les médias.
Qu’on arrive à obtenir une reconnaissance dans le cadre du Fundtruck également. On s’est battu pour ce projet, voilà. Pour moi, le plus beau moment et la plus belle reconnaissance c’est la reconnaissance de mes entrepreneurs qui sont financés.
L’interview top 5
Naier : Excellent ! Benjamin, on passe à l’interview top 5. Le livre que tu recommandes ?
Benjamin : Alors moi, mon auteur préféré c’est Zweig. Maintenant le livre que je vous recommande en ce moment — c’est ce que je lis en ce moment et qui n’a rien à voir. C’est si un énorme pavé, c’est la trilogie : « Les guerriers du silence » de Pierre Bordage. Et c’est vrai que je n’étais pas mal happé par cette histoire, il faut aimer. Mais je vous garantis que moi qui ne suis pas un grand lecteur, eh bien, je ne me suis pas souvent fait 1000 pages quoi.
Et un livre de Zweig: Franchement « Le joueur d’échecs » restera quand même la base. Mais j’aime beaucoup « Vingt-quatre heures de la vie d’une femme » — j’aime le dernier. Je n’ai pas le titre sur le bout de la langue. Mais enfin, je les ai tous lus en fait.
Naier : D’accord ! L’entrepreneur que tu suis ou dont tu es fan ?
Benjamin : Je ne suis fan de personnes. J’étais musicien. Mais même en tant que musicien, je n’étais fan de personnes. Je crois que j’ai été très influencé, à l’époque, par… J’aimais beaucoup Queen, j’aimais beaucoup Noir Désir et j’aimais beaucoup les Doors, voilà.
Maintenant, fan d’entrepreneurs, non. J’ai quand même Elon Musk qui m’a fait plaisir la récemment aussi, la biographie d’Elon Musk. En France, on a des super entrepreneurs également. Mais je suis surtout fan des entrepreneurs en règle générale moi. C’est mon métier et j’essaye de les accompagner.
Naier : D’accord ! Ton outil en ligne préféré ?
Benjamin : Celui que j’utilise le plus, c’est quand même pour le boulot, c’est LinkedIn. Celui que j’utilise le plus en dehors du boulot c’est Spotify pour écouter de la musique.
Naier : D’accord ! Ton premier conseil pour quelqu’un qui aimerait se lancer aujourd’hui ?
Benjamin : Réfléchissez à deux fois et plus sérieusement, sachez-vous entourer. N’y allez pas tout seul tête baissée, prenez un peu de recul, parlez-en. J’ai souvent l’occasion d’accompagner justement des jeunes entrepreneurs, des gens qui veulent se lancer, et je les invite à partager leurs idées.
Souvent, quand on est au début, on a peur de partager son idée. On se dit : « ah, on va me la piquer, c’est difficile de partager mon idée — j’aimerais bien t’en parler. Mais est-ce que tu peux me signer un petit contrat de confidentialité. Ou ne jamais en parler à personne autour de toi. Promets-le-moi ».
En réalité, c’est l’exécution qui compte, ce n’est absolument pas l’idée. À moins que vous soyez un savant fou avec un brevet et propriété intellectuelle, etc. Il n’y a aucune raison de ne pas partager votre idée. Évidemment, n’allez pas voir votre concurrent pour la partager.
Mais, pour le coup vous pouvez quand même partager l’idée au monde entier que personne ne vous copiera — et quand bien même — le plus important c’est l’exécution — donc si vous avez l’idée et que vous la portez, vous réussirez.
Naier : D’accord ! Le meilleur investissement que tu as réalisé pour faire croître ton entreprise. Ça pourrait être un investissement en termes de temps, de moyens humains, de moyens financiers, un produit ou un service.
Benjamin : Le meilleur investissement que j’ai fait pour faire croître mon entreprise c’est mes équipes. C’est le plus bel investissement, c’est le capital humain. S’entourer de gens tous plus smart les uns que les autres. Et ce sont eux qui font croître aujourd’hui l’entreprise.
Naier : Excellent ! Benjamin, merci de nous avoir accordé cette interview. Est-ce que tu pourrais dire à nos auditeurs où est-ce qu’ils peuvent te suivre ?
Benjamin : Ils peuvent me suivre sur Twitter @bwattine ou sur LinkedIn pour connaître nos évolutions.
Naier : Merci Benjamin, à bientôt !
François : Merci beaucoup ! À bientôt !
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